Le bon vieux 33 tours, objet chic, tendance et bientôt… numérique. Une start-up auvergnate creuse son sillon dans l’univers du vinyle grâce aux technologies sans contact, qui pourraient doper des ventes déjà en hausse dans les bacs.
Face A. Grâce à une puce invisible NFC (Near Field Communication) glissée sous l’étiquette, le mélomane indécis pourra pré-écouter en magasin les morceaux présents sur l’album, en approchant simplement son smartphone.
Face B. Une fois le vinyle acheté, il aura ensuite accès à une application mobile inédite et sécurisée de l’artiste, proposant un contenu varié: album en version numérique, clips, places et dates de concerts, paroles de chansons, «chats», produits dérivés, etc. «Ça n’a jamais été fait avant», assure le président et cofondateur de la start-up «Yes it is», Emmanuel Ranc. «Nous avons breveté un procédé technique capable de résister à une chaleur de 180 degrés et à 8 bars de pression lors du processus de fabrication par pressage», détaille cet ancien directeur de l’innovation chez Sopra Steria, spécialiste de la transformation numérique.
En janvier, ce projet, baptisé «Revive», a été primé au Consumer Electric Show (CES) de Las Vegas. «Ça nous a donné une visibilité considérable», se réjouit le dirigeant de la start-up, lancée depuis un an et installée dans l’incubateur clermontois Le Bivouac. Pour fabriquer son premier vinyle connecté, «Yes it is» s’est associé avec un des premiers fabricants de disques au monde, MPO, une PME de la Mayenne. Côté musique, le compositeur et producteur indépendant Wax Tailor a été le premier à se lancer dans l’aventure. Les premiers 33 tours équipés de l’artiste seront vendus en octobre.
« Mieux connaître ses fans »
«C’est une porte ouverte sur le futur, il y a encore beaucoup de choses à inventer en termes de contenu additionnel», estime le musicien. Cette galette noire nouvelle génération pourrait également permettre à l’artiste de «mieux connaître ses fans», anticipe Emmanuel Ranc. «Ils ne seront plus anonymes car l’artiste saura dans quelles villes ceux-ci ont acheté l’album, il pourra leur offrir des places de concerts ou les faire monter sur scène pour les récompenser», explique celui qui propose des solutions NFC pour d’autres secteurs très divers (aéronautique, luxe, logistique, chaîne du froid, santé, vins et spiritueux).
Mais cette approche «premium et communautaire» ne profitera qu’aux plus créatifs: «ça n’est pas ce support ou un autre qui vont effacer d’un coup de baguette magique tous les soucis de rémunération des artistes», souligne Wax Tailor. Plusieurs gros labels et des artistes français et étrangers ont déjà fait part de leur intérêt pour l’objet, présenté également lors du dernier salon du Midem à Cannes en juin, alors que les ventes de vinyles ne cessent d’augmenter, à l’inverse des CD et autres DVD.
Le géant japonais de l’électronique Sony a récemment annoncé qu’il allait reprendre leur fabrication d’ici à mars 2018, après trois décennies d’interruption. Et selon une étude du cabinet Deloitte, le chiffre d’affaires du vinyle dans le monde (disques, platines et accessoires) devrait atteindre un milliard de dollars en 2017.
Le Quotidien/AFP