Musique : Le chanteur à la voix rocailleuse Joe Cocker est mort, à l’âge de 70 ans.
« Le plus grand chanteur de rock-soul jamais produit par le Royaume-Uni ». (Photo : AP)
Le légendaire rockeur britannique Joe Cocker, dont la carrière s’étend sur plus de quatre décennies et qui a notamment interprété une reprise de With a Little Help from My Friends des Beatles, est décédé, à l’âge de 70 ans. Originaire de Sheffield, une ville industrielle du nord de l’Angleterre, Joe Cocker est décédé dimanche soir aux États-Unis. Il était «sans aucun doute le plus grand chanteur de rock-soul jamais produit par le Royaume-Uni», a commenté son agent Barrie Marshall.
« Un incroyable talent, une vraie star, mais aussi un homme bon et humble qui adorait se produire sur scène », a-t-il ajouté, sans pour autant révéler la cause du décès du chanteur. Selon le Yorkshire Post, le journal local d’où venait Joe Cocker, c’est un cancer du poumon qui l’aurait emporté dans l’État américain du Colorado, où il vivait depuis longtemps, au milieu de la nature, avec son épouse, Pam.
Il avait acquis sa notoriété dès la fin des années 1960 grâce à sa reprise de With a Little Help from My Friends des Beatles, morceau qu’il avait interprété de sa voix rauque lors du festival de Woodstock en août 1969. De la bondissante chanson originale, il ne restait rien ou presque, emportée par les élans des chœurs et des guitares. Dans un tweet, Ringo Starr, l’ancien batteur des Fab Four, a d’ailleurs rendu hommage à son compatriote. « Adieu et que Dieu bénisse Joe Cocker, de la part d’un de ses amis. Peace and Love », a-t-il écrit.
> Extraordinaire interprète
Paul McCartney, l’ancien bassiste des Beatles, a fait part de sa «tristesse» dans un communiqué. « C’était un adorable gars du nord que j’aimais beaucoup, j’adorais sa façon de chanter. J’étais aux anges quand il a décidé de chanter une reprise de With a Little Help from My Friends », a déclaré Sir Paul. Parmi ses plus grands tubes, on compte You Are So Beautiful, Unchain My Heart, une reprise du classique de Ray Charles, Night Calls, mais aussi Up Where We Belong, un duo avec Jennifer Warnes qui avait fait partie de la bande originale du film An Officer and a Gentleman. La chanson avait remporté l’Oscar de la meilleure chanson originale en 1983.
Un autre film illustré musicalement par Joe Cocker restera aussi dans la mémoire collective : Nine ½ Weeks, en 1986, dans laquelle Kim Basinger se déhanche pour Mickey Rourke sur You Can Leave Your Hat On. Là encore, la chanson n’appartient pas à Cocker, elle a été écrite et enregistrée par Randy Newman sur son album Sail Away de 1972, mais le chanteur se l’est appropriée comme l’extraordinaire interprète qu’il était, avec ses raclements de gorge secs et son accent du nord de l’Angleterre.
Mais Joe Cocker n’avait pas grand chose du glamour qui entoure généralement les stars du rock : souvent débraillé, une éternelle barbe de trois jours, le crâne prématurément dégarni, il n’a jamais défrayé la chronique par ses frasques, à l’inverse d’un Mick Jagger, par exemple. Pour autant, Joe Cocker avait aussi sa part d’ombre. Récemment, il revenait dans les quelques interviews qu’il accordait sur les folles années 70 qui l’avaient vu « plonger la tête la première » dans la drogue et l’alcool.
« Au début des années 70, la drogue et l’alcool se sont invités. Souvent, lorsqu’on est jeune et qu’on ne s’en fait pas, on ne se rend pas compte combien il est difficile de reprendre le dessus, une fois qu’on a plongé », racontait-il à la radio américaine NPRen 2012. Curieusement, ni son talent ni son succès ne lui ont permis d’être accueilli au Panthéon des stars, le Rock and Roll Hall of Fame, ce dont le chanteur Billy Joel s’était ému en septembre dernier pendant un concert à New York.
De notre journaliste Grégory Cimatti