Faute de parvenir à trouver un repreneur, une gynécologue de Mayenne proche de la retraite a mis en vente sa patientèle et son matériel pour 1 euro symbolique sur Leboncoin, a-t-on appris mardi auprès de l’intéressée.
«Assez de la grisaille urbaine? Vous êtes gynécologue à la recherche de grands espaces? Située à 40 km d’Angers environ, une patientèle créée depuis 30 ans avec passion et regroupant quatre générations de patientes recherche un nouveau gynécologue pour les écouter, les accompagner et les suivre», écrit sur le site d’annonces Bernadette Perrot, gynécologue obstétricienne à Château-Gontier (Mayenne), qui ajoute céder sa patientèle et son matériel, dont un colposcope et un échographe, «pour 1 euro symbolique».
Après 32 ans d’exercice, la spécialiste de 69 ans prendra sa retraite à la fin de l’année, trois ans après le départ de son associé, non remplacé. «Je suis passionnée par mon métier, j’ai des relations privilégiées avec mes patientes, je suis les grossesses de mes anciens bébés», raconte-t-elle à l’AFP.
Mais aucune des annonces qu’elle a publiées dans les revues médicales n’a trouvé écho auprès des jeunes médecins ou des internes en fin de parcours. «Je suis un peu la sentinelle du Sud-Mayenne en gynécologie, il n’y a plus de gynécologues libéraux dans le coin, regrette Bernadette Perrot. Moi qui me bats depuis 30 ans pour que les femmes se fassent suivre, aujourd’hui c’est le cas mais c’est nous qui désertons.»
La praticienne libérale explique ce désamour des jeunes pour les cabinets ruraux par une forme d’«hospitalo-centrisme». «Les jeunes sont plus frileux et ne savent plus trop ce qu’est un cabinet libéral, ils ont l’impression qu’on fait de la sous-médecine et ont peur des TPE», se plaint-elle. Avec 15 000 dossiers de patientes qui sont venues la voir en consultation en trois ans, Bernadette Perrot dit, pince-sans-rire, avoir une activité «un peu supérieure à la moyenne nationale».
Mais elle assure «ne pas demander aux jeunes de faire comme (elle)». En s’associant avec un autre praticien, on vit «tout à fait correctement en prenant les vacances que l’on veut», explique-t-elle tout en assurant que «la douceur angevine n’est pas un mythe».
Le Quotidien/AFP