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Une étude sur les traces que laisse la peur dans notre mémoire


Jusqu'alors, il est établi que la mémoire était stockée dans le cortex. Mais l'hypothalamus joue aussi un rôle important. (illustration AFP)

Les traces laissées dans le cerveau par la peur sont susceptibles de se former dans l’hypothalamus, selon une étude publiée par la revue Neuron, qui pourrait ouvrir des perspectives pour soigner certaines peurs pathologiques.

Cette étude publiée le 16 mai dans la revue américaine Neuron est le fruit du travail d’une équipe internationale coordonnée par Alexandre Charlet de l’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives de Strasbourg et Valery Grinevich de l’université de Heidelberg.

Ses auteurs démontrent que des engrammes, ensembles de cellules formant la base de la trace mémorielle enregistrée par le cerveau, peuvent se former dans l’hypothalamus, mettant en évidence son rôle dans la régulation de la mémoire de la peur. « Les engrammes sont bien connus mais uniquement dans les structures corticales supérieures. Là, l’originalité c’est de montrer que cela peut aussi exister dans des structures évolutivement anciennes, comme l’hypothalamus », explique Alexandre Charlet.

« A ce jour, le dogme prédominant veut que la mémoire soit encodée dans l’hippocampe pour être ensuite stockée dans le cortex. Cette vision limitée ne prend que peu en considération les autres structures cérébrales », selon un communiqué diffusé par l’université de Strasbourg.

Contrôler les émotions

Grâce à une nouvelle méthode de ciblage génétique, permettant de toucher spécifiquement les neurones activés lors d’une réaction de peur, les chercheurs ont découvert « la formation d’engrammes hypothalamiques dont la manipulation altère drastiquement l’expression et le souvenir d’une peur », poursuit le communiqué.

Ils sont parvenus à gommer ou au contraire à faire persister l’expression de la peur en intervenant sur les neurones produisant l’ocytocine, l’hormone dite « de l’amour », fortement impliquée dans la régulation des émotions. « On montre une communication entre l’hypothalamus, les neurones qui produisent de l’ocytocine et l’amygdale (une partie du cerveau qui gère les émotions comme la peur et le stress, NDLR) », résume Alexandre Charlet. Ces recherches « nous permettent de mettre le doigt sur des circuits spécifiques et maintenant qu’ils sont identifiés, on peut très bien chercher des agents pharmacologiques qui vont pouvoir les inhiber ou les activer de manière précise », conclut-il.

Ces découvertes pourraient « permettre l’émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques, notamment quand la peur devient pathologique, comme dans le cas des troubles de stress post-traumatiques », précise le communiqué de l’université.

LQ/AFP