Leurs graffitis avaient été recouverts de peinture en 2013 puis détruits par le propriétaire du lieu, à New York: des artistes vont recevoir 6,7 millions de dollars de dommages et intérêts, a tranché la justice américaine.
Le site, baptisé 5Pointz, avait été utilisé pendant plus de vingt ans comme lieu d’expression pour les graffeurs, avec l’accord du propriétaire, Gerald Wolkoff.
Mais en novembre 2013, le propriétaire de cette ancienne usine de compteurs à eau situé à Long Island City, à l’extrême sud-ouest du Queens, avait fait repeindre en blanc, sans préavis, toutes les œuvres qui recouvraient les murs.
Une opération d’autant plus mal vécue par le collectif de graffeurs que celui-ci avait préalablement saisi la justice pour faire valoir ses droits.
A l’époque, 5Pointz était devenu, selon les termes mêmes du juge mandaté initialement, « le lieu de résidence de la plus grande collection d’art à la bombe (de peinture) aux États-Unis ».
Gerald Wolkoff et un groupe de promoteurs ont ensuite rasé le site et fait ériger deux tours de logements haut de gamme. Un faux graffiti « 5Pointz » a été placé dans le hall de chacun des immeubles, pour commémorer l’histoire du site.
Quatre ans après les faits, un procès a finalement eu lieu en octobre et novembre derniers, durant trois semaines.
Lors des débats, l’avocat des Wolkoff, David Ebert, a fait valoir que les artistes savaient dès le départ que le bâtiment serait détruit et que rien ne prouvait que leur réputation en avait pâti.
Début novembre, le jury avait néanmoins estimé que plus de la moitié des 49 œuvres citées dans le dossier méritaient d’être considérées comme des œuvres d’art « reconnues » et que chacun des 21 artistes concernés avait droit à dédommagement.
Mais Gerard Wolkoff ayant renoncé à être jugé par un jury, il appartenait au juge fédéral Frédérick Block de se prononcer.
Dans une décision écrite publié lundi, le magistrat a attribué aux 21 artistes un total de 6,75 millions de dollars, dont 1,325 million au seul Jonathan Cohen, plus connu dans le monde du graffiti sous le pseudonyme « Meres One ».
« Cette décision est une indication claire que l’art à la bombe est dans la même catégorie que les arts réputés, également digne de protection légale », a réagi l’avocat des artistes, Eric Baum.
Le Quotidien / AFP