Le réalisateur oscarisé Laurent Witz a présenté son très court métrage d’animation « Let’s Make it Happen », réalisé dans le cadre du nation branding.
C’est une commande, un produit de communication, mais ce n’est pas pour autant que Laurent Witz, le réalisateur de Mr Hublot, oscar du meilleur court métrage d’animation en 2014, a négligé l’aspect artistique. D’ailleurs les 400 000 euros de budget « se voient à l’image ».
Comment décririez-vous votre nouveau court métrage, « Let’s Make it Happen » ?
Laurent Witz : C’est un film d’animation dans lequel on raconte l’histoire d’une petite fille qui crée un petit oiseau et qui a envie de le voir voler le plus loin possible. Elle le lance, il atterrit chez son voisin luthier, qui décide, lui, de lui apporter des éléments en bois, des mécanismes, etc. pour le faire voler encore plus loin sous les yeux émerveillés de la petite fille. On suit alors le parcours de cet oiseau qui, grâce au travail de chacun, va aller de plus en plus loin.
Il s’agit d’animation 3D sur des prises de vue réelles. Ça consiste en quoi ?
Ce sont des personnages qui ont effectivement été intégrés dans des décors réels pour jouer la comédie, faire parler les émotions et porter un message.
Comme il s’agit d’un oiseau, on découvre le Luxembourg d’en haut.
Exactement, d’où le choix de l’oiseau. C’est l’occasion de montrer des choses du Luxembourg d’en haut et faire ainsi découvrir à ceux qui verront le film la beauté et la diversité des paysages luxembourgeois. Le Luxembourg, surtout à l’étranger, c’est surtout perçu comme un lieu avec des buildings, des banques et des fiduciaires. Moi, j’ai préféré montrer la nature, le Grund, le château de Vianden, les vignobles de la Moselle, etc. Différentes facettes très intéressantes mais souvent méconnues du pays.
L’appel à projets que vous avez remporté pour ce film demandait « un film d’animation promouvant Luxembourg et ses valeurs ». Sur quoi vous êtes-vous concentré ?
Sur son ouverture. De par sa position et sa taille, le Luxembourg travaille avec ses partenaires, en collaboration avec les pays proches et moins proches. Et à l’intérieur, il est composé d’un brassage culturel incroyable avec les Luxembourgeois, les étrangers et les frontaliers qui vivent et travaillent ensemble et portent des idées communes le plus loin possible.
Des valeurs que vous représentez quelque part parfaitement : vous êtes français, travaillez au Luxembourg et avez porté les couleurs grand-ducales jusqu’au firmament du 7e art, les Oscars.
Disons que, pour moi, c’est quelque chose d’assez naturel. Je n’ai pas trop la notion des frontières. Par contre, j’ai la notion des racines, de l’histoire, de la culture. Il me semble que cette ouverture vers l’autre est de plus en plus naturelle chez les jeunes générations.
Bref, on sent chez vous une profonde réflexion et une recherche artistique autour de ce projet. Ce n’est pas, comme pourraient le dire certaines mauvaises langues, pour l’argent que vous l’avez fait.
(Il rit) Pas du tout. C’est loin d’être une opération financière. Le budget était de l’ordre de 400 000 euros; à quelques milliers d’euros près, c’est ce qu’on dépense pour fabriquer le film. Et franchement, ça se voit à l’image !
Le film existe en deux versions – une de deux minutes et une de 30 secondes – et quatre langues – luxembourgeois, français, allemand et anglais. Quelle sera désormais la vie de ce court métrage ?
C’est quelque chose que je ne maîtrise pas, mais il devrait voyager sur internet, être diffusé dans des salles de cinéma au Luxembourg et dans la Grande Région, passer à la télé. Et il devrait accompagner notamment des représentations internationales des missions économiques grand-ducales à l’étranger, pour porter une partie des valeurs du Luxembourg. Ce projet a été un véritable défi, et comme ça a été un défi, il est lui-même une illustration de son message. On a dû se dépasser au niveau des idées, et au niveau de la fabrication, on est allés loin; ce qu’il y a dans ce film, c’est quelque chose qui n’a jamais été fait avant au Luxembourg !
Entretien avec Pablo Chimienti