Des chercheurs pensent avoir résolu une vieille énigme entourant les origines de la Terre, qui s’est formée il y a environ 4,5 milliards d’années à partir de l’agglomération de corps rocheux comme les astéroïdes et les météorites.
Ces scientifiques basés en France estiment avoir compris pourquoi la composition chimique de la planète bleue diffère de celle de météorites ayant participé à sa formation, alors que l’on aurait pu s’attendre à ce qu’elles soient très semblables.
La Terre a en effet moins de silicium et plus de magnésium que les météorites étudiées par ces chercheurs, les chondrites à enstatite (un silicate), qui sont considérées comme le matériau primordial de notre planète. Selon ces scientifiques, ce sont les nombreux impacts de météorites subis par la Terre dans sa jeunesse qui lui auraient fait perdre de la masse et auraient modifié sa composition chimique.
L’étude menée par des chercheurs du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et de l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand (France) est publiée mercredi dans la revue britannique Nature Communications. « Nous proposons un scénario complet de la formation de la Terre à partir d’un échantillon de chondrites à enstatite, ce qui n’avait jamais été fait auparavant », argue Denis Andrault, du laboratoire Magmas et volcans de l’Université Blaise Pascal.
Équation pas impossible
Les chercheurs ont mené des expériences à hautes pressions et hautes températures afin de reconstituer en laboratoire le processus de formation de la Terre et de déterminer la composition chimique de sa croûte primitive. Ils ont ensuite modélisé l’évolution de la composition chimique de la planète après l’érosion de cette première croûte par les multiples impacts de météorites.
Les chondrites à enstatite sont une famille relativement courante de météorites. Elles contiennent la bonne proportion d’enstatite et de fer pour former le manteau et le noyau terrestre. Cela en fait de bonnes candidates pour prétendre avoir participé à la formation de la Terre. Le hic, c’est qu’elles contiennent significativement trop de silicium et trop d’éléments volatils comme le sodium ou le potassium par rapport à la Terre. « Nous avons trouvé le moyen de résoudre ce paradoxe, explique Denis Andrault. Alors que la formation de notre planète a impliqué un très grand nombre d’impacts de météorites, ceux-ci ont érodé la surface de la Terre primitive. Cela se serait produit au cours des premiers 100 millions d’années de l’existence de celle-ci. »
La Terre aurait perdu ainsi environ 15% de sa masse au cours de sa formation, ont calculé les chercheurs. « Si l’on conjugue le processus d’érosion de la croûte terrestre et un phénomène de recondensation à la surface d’autres éléments comme l’aluminium et le calcium, on parvient à réconcilier la composition chimique des chondrites à enstatite avec celle de la Terre », souligne encore Denis Andrault.
AFP