Le ciné Utopia, la Cinémathèque, le Cercle municipal et les abords de la capitale ont vécu le week-end dernier au rythme du festival de cinéma de Luxembourg.
Le Lux Film Fest s’affiche au centre de la capitale. Une manière supplémentaire d’attirer un vaste public dans les salles participantes. (Photos : Fabrizio Pizzolante/Didier Sylvestre)
On dit souvent qu’il faut cinq ans pour installer un festival de cinéma. Pour qu’il soude une équipe organisatrice, qu’il trouve sa marque de fabrique, qu’il s’impose dans le calendrier culturel et qu’il trouve son public. Eh bien voilà ! On y est pour le Luxembourg City Film Festival qui fête cette année sa cinquième édition (même si les quatre premières se sont tenues sous la bannière de Discovery Zone). Effectivement, la manifestation est désormais bien installée. Ancrée.
Avec près de 15 000 spectateurs l’an dernier, le festival a trouvé son public. Avec la signature d’une convention avec le ministère de la Culture, son financement est assuré (et en même temps, revers de la médaille, bloqué en ce qui concerne les aides publiques) jusqu’en 2018. Et avec une programmation « adultes » sans concession et un programme pour enfants dès trois ans, il a su imposer son image de marque. Le nom de Discovery Zone a donc disparu, mais son esprit de découverte – de films étonnants, de cinématographies nationales qui n’arrivent autrement pas dans les circuits de diffusion traditionnels – demeure. La manifestation a gardé son côté explorateur du 7e art.
Ainsi, les festivaliers ont pu découvrir le week-end dernier avec War of Lies la vie de l’histoire d’un ingénieur chimiste iraquien, dont les fausses informations sur l’existence d’armes de destruction massive ont servi d’excuse pour déclencher la guerre en Iraq. Ils ont pu écouter les brûlantes discussions sur l’Iran de Jafar Panahi et de passagers que le réalisateur prenait dans son Taxi. Ils ont pu admirer l’histoire d’un jeune Rom et de ses sœurs bien obligés de se débrouiller seuls depuis que leur mère est en prison dans Toto and His Sisters ; ou encore les névroses de deux parents autour de la découverte de la sexualité par leur fille adolescente et mentalement attardés dans Dora or the Sexual Neuroses of Our Parents. Et bien souvent, les spectateurs ont même pu s’entretenir avec le réalisateur du film après la projection. Et les enfants n’ont pas été en reste avec Les Nouvelles Aventures de Gros-Pois et Petit-Point, Le Parfum de la carotte ou encore Ooops ! De Noah ass fort. En tout, 19 séances publiques étaient au programme entre samedi et hier.
> Des projections et des rencontres
Des projections agrémentées de concours (crème fraîche), d’ateliers d’écriture de scénario (Pitch Discovery) et d’écriture de critique ciné (Film criticism) ou encore de rencontres entre professionnels et le public (Meet the pros). Un rendez-vous annuel, qui se tient au QG de la manifestation, le Ratskeller du Cercle-Cité, mais renouvelé pour cette cinquième édition; non seulement car il s’est déroulé entre les colonnes de l’exposition « Melancholic Dislocation », mais aussi car il est désormais animé par les étudiants du BTS cinéma et audiovisuel du lycée technique des Arts et Métiers.
« C’était plus dynamique que par le passé, se félicite Anne Schroeder, la responsable de la formation, car il y avait plus d’angles de discussion : public-étudiants, étudiants-professionnels et public-professionnels. » Le réalisateur et comédien Michel Tereba, présent pour la première fois, a aussi apprécié l’exercice. « Le public a posé des questions pertinentes. Et puis, j’ai trouvé ça très intéressant aussi pour moi-même, dans le sens où j’ai pu entendre ce qui est important pour les autres corps de métier dans le milieu. » Tout le monde est donc content.
Et le week-end s’est conclu avec une belle surprise. Alors que certains se plaignent d’un manque de grandes stars au Lux Film Fest, le comédien Tchéky Karyo (L’Ours, Nikita, Dobermann, Le Roi danse…) a fait un saut à l’Utopia pour l’avant-première des Brigands, de Franck Hoffmann et Pol Cruchten. C’était certes rapide, mais sa présence n’est pas passée inaperçue.
De notre journaliste Pablo Chimienti
Jusqu’à dimanche.