Un livre enquête présenté jeudi en Italie évoque les tentatives infructueuses d’un jeune lanceur d’alerte pour dénoncer des abus sexuels dont aurait été victime son ancien camarade de chambre mineur, pensionnaire au coeur du Vatican.
Dans « Péché originel » -dévoilé jeudi en Italie et paru mercredi en France- le journaliste italien Gianluigi Nuzzi poursuit son enquête sur les arcanes du Vatican, documents confidentiels à l’appui.
Le journaliste, qui a été acquitté par la justice du Vatican en 2016 dans le procès dit « Vatileaks 2 » après d’abondantes « fuites » de documents qu’il avait publiés, s’est fait une spécialité du passé sulfureux de la banque du Vatican et des résistances internes aux réformes impulsées par Benoît XVI et François.
Son livre s’intéresse également à la disparition mystérieuse et toujours non élucidée en 1983 d’une jeune femme, Emmanuela Orlandi, citoyenne de l’Etat du Vatican et fille d’un employé du petit Etat.
Il jette aussi dans son quatrième ouvrage un nouveau pavé dans la mare sur une persistante loi du silence dans l’Eglise: dans un palais du Vatican, un séminariste majeur aurait abusé sexuellement d’au moins un lycéen de 17 ou 18 ans en 2011-2012, sous les yeux d’un témoin.
« se sentait obligé de céder à ses exigences »
Ce témoin polonais, Kamil Tadeusz Jarzembowksi, réside alors dans une institution installée dans la cité du Vatican et qui héberge des enfants et adolescents du monde entier envisageant de devenir prêtres.
Les pensionnaires fréquentent une école privée dans le centre de Rome et participent comme « enfants de choeur » aux messes célébrées dans la basilique Saint-Pierre.
Kamil y a vécu de 13 à 18 ans, jusqu’en 2014, mais il dit avoir été renvoyé avant la fin de sa scolarité après avoir tiré la sonnette d’alarme auprès d’autorités ecclésiales et vaticanes.
Selon lui, un ancien élève autorisé à rester dans le palais venait très souvent dans sa chambre, le soir venu, pour avoir des relations sexuelles avec son camarade de chambre, alors âgé de 17 ou 18 ans, qui « se sentait obligé de céder à ses exigences ».
Fort de la confiance de l’évêque recteur des lieux, le jeune homme exerçait « une forme de pouvoir et d’intimidation » sur les plus jeunes, en imposant « brimades ou actes sexuels » à un certain nombre de pensionnaires, affirme encore Kamil dans le livre de M. Nuzzi.
« Je ne reproche pas à ces prêtres d’être homosexuels », déclare ce Polonais qui étudie aujourd’hui l’histoire de l’art et se dit lui-même gay. « Le problème est ailleurs et tout cela est une vaste hypocrisie: dans la journée, ces gens sont homophobes, la nuit ils se déchaînent dans des discothèques gays ».
Interrogé par l’AFP, le service de presse du Vatican n’a pas encore précisé si une enquête avait été ouverte sur ce cas.
Le Quotidien / AFP