Un musée berlinois a indiqué lundi être en possession de photographies inédites montrant l’ancien gardien John Demjanjuk au camp d’extermination de Sobibor, où il a pourtant toujours nié avoir été.
Cet apatride, Ukrainien de naissance, a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal allemand d’avoir participé au meurtre de 27 900 de juifs à Sobibor dans la Pologne occupée par les nazis, et condamné à 5 ans de prison. Il est mort un an plus tard avant que la justice ait pu statuer sur son appel.
Selon le musée Topographie de la terreur, situé sur l’ancien siège berlinois de la Gestapo, des photographies le montrant dans ce camp de la mort font partie d’une collection de plus de 350 pièces découvertes récemment qui apporte « un aperçu détaillé » des lieux.
Des photos appartenant à l’ancien officier SS Johann Niemann
Les documents ont été retrouvés parmi les biens légués par l’ancien officier SS Johann Niemann, tué en 1943 lors d’une révolte de prisonniers à Sobibor, ajoute-t-il dans un communiqué. « La collection Niemann nous permet d’étendre notre connaissance sur +l’action Reinhard+, le meurtre de 1,8 million de Juifs à Sobibor, Belzec et Treblinka », estime le musée. Les photos seront rassemblées dans un livre publié le 28 janvier.
Né en 1920 en Ukraine, John Demjanjuk a émigré aux États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale où il a pris la nationalité américaine. Il a comparu pour la première fois devant la justice en 1986 à Jérusalem, sous l’accusation d’avoir été « Ivan le Terrible », un garde ukrainien du camp de Treblinka (est de la Pologne), connu pour sa cruauté. Il fut libéré cinq ans plus tard lorsqu’il apparut qu’il n’avait pas été ce garde.
Il avait été capturé par les Allemands
Mais après l’émergence de preuves montrant qu’il avait été gardien dans d’autres camps nazis, il est destitué de sa nationalité américaine en 2002, puis extradé en 2009 en Allemagne. Lors de son procès, il avait reconnu avoir été capturé par les Allemands en 1942 alors qu’il servait dans l’Armée rouge et assuré avoir été transféré d’un camp de prisonniers à un autre jusqu’à la fin de la guerre. Il a toujours clamé n’avoir jamais été à Sobibor. Il est décédé dans une maison de retraite à l’âge de 91 ans. Son histoire a fait l’objet l’an passé d’un documentaire intitulé « The Devil Next Door » sur Netflix.
LQ/AFP