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Tous les chemins mènent à « Rone » (Interview + Vidéo)


À quelques jours de la sortie de son troisième album, »Creatures », et de sa venue au Grand-Duché, Erwan Castex, alias « Rone », a accepté d’ouvrir son monde musical et fantasque au « Quotidien ». Entretien.

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« Rone » est considéré, à 34 ans, comme un des très grands noms de l’électro « à la française ». (Photos : Timothy Saccenti)

> En seulement cinq ans, vous êtes devenu l’une des figures incontournables de la scène électro française et internationale. Revenons sur vos débuts : comment est né ce talent, ou du moins ce désir de faire de la musique ?

Rone : J’ai commencé très tôt à faire de la musique, mais je n’ai jamais pris de cours, cela n’a pas été un apprentissage académique. La musique a toujours été présente durant toute mon enfance. Il y avait un vieux piano chez nous et je passais des heures, enfant, à jouer de manière instinctive. Bien sûr, à ce moment-là, je me prenais pour un grand musicien, mais je pense que c’était surtout du bricolage. J’ai grandi en expérimentant les possibilités de la musique, de manière totalement intuitive.

Ce qui a réellement changé ma vie, c’est la création sur ordinateur. Cela m’a ouvert un monde sans fin. J’ai passé des nuits entières à comprendre comment fonctionnent les logiciels informatiques et à expérimenter des choses dans mon appartement. J’étais comme un gosse – que je suis toujours je pense – j’avais devant moi des possibilités à l’infini.

> Comment votre musique est passée du petit ordinateur d’étudiant à la scène ? Qu’est-ce qui vous a poussé vers l’extérieur et le futur succès que l’on vous connaît aujourd’hui ?

À vrai dire, je n’ai jamais eu aucune ambition! Pour moi, faire de la musique est avant tout une envie, un besoin. J’avais l’impression de faire quelque chose d’important quand je créais, mais à aucun moment ne m’est venue l’envie de le partager. Peut-être juste à une vieille copine à qui j’ai dit : « un jour, je deviendrais musicien ! » Mais ce n’était pas sérieux pour moi… En fait, j’ai eu énormément de chance, des personnes de mon entourage m’ont poussé à diffuser mes créations, j’ai trouvé mon label et tout s’est enchaîné très vite.

> Après le succès du premier album, Spanish Breakfast, en 2009, vous êtes parti vous installer à Berlin pour composer Tohu Bohu. Qu’est-ce qui a motivé votre exil vers la capitale allemande le temps d’un album ?

Je suis effectivement parti m’installer à Berlin rapidement après la sortie du premier album pour casser ma routine et m’aider à trouver l’inspiration pour un deuxième. Lorsque j’ai créé Spanish Breakfast, il n’y avait aucun stress, aucune ambition et surtout, aucune attente de la part de mon label ou de mon public, je l’ai fait très facilement. Pour le second, je me suis retrouvé avec une sorte de pression, d’attente. Être musicien était devenu mon boulot à plein temps, je me suis retrouvé complètement bloqué. Il fallait que je casse la routine, je vivais à Paris depuis très longtemps, donc la solution a été de partir.

J’ai choisi Berlin parce que j’aimais particulièrement le rythme de cette ville, cela m’a complètement libéré pour créer Tohu Bohu. Puis la routine s’est de nouveau installée là-bas et je suis revenu en France, pour créer Creatures. Si j’avais le choix, j’aimerais écrire chacun de mes albums dans une ville différente.

> Creatures plonge dans un univers fantasmagorique, enfantin, chaque morceau semble proposer une histoire unique, sortes de courts métrages musicaux. Le cinéma, que vous avez étudié, joue-t-il un rôle important dans votre musique ?

Les deux domaines sont effectivement très mélangés pour moi. J’ai suivi de longues études de cinéma lorsque j’étais étudiant à Paris, c’est une partie très importante de ma vie. À l’époque, je passais mes journées à regarder des films et mes nuits à composer de la musique, c’est évident qu’il y a une importante influence cinématographique dans ma musique. Et c’est vrai, je crois que pour chaque morceau que je compose, je mets en place un décor, une atmosphère, et je développe mes petites histoires, comme autant de scénarios qui se relaient les uns les autres, pour ensemble donner vie à mes albums.

Entretien avec notre collaboratrice Mylène Carrière


Rockhal – Esch-Belval. Demain à partir de 20h30 dans le cadre du festival « Freeeeze ».

Support : M.A Beat