Des applications populaires comme les services de rencontres Tinder et Grindr revendent à des entreprises tierces des données personnelles, y compris l’orientation sexuelle des usagers dans le cas de Grindr, en violation de la réglementation, a dénoncé mardi un organisme norvégien.
Selon le Conseil norvégien des consommateurs, Grindr, qui se présente comme « le plus grand réseau mondial de rencontres pour les personnes gays, bi, trans et queer », partage les données GPS, l’adresse IP, l’âge et le sexe des utilisateurs avec une multitude d’acteurs ainsi aptes à mieux cibler les publicités.
Le partage de ces données trahit aussi implicitement l’orientation sexuelle des usagers, remarque le Conseil des consommateurs à l’origine d’un rapport. Celui-ci, intitulé « Out of control » (« Hors de contrôle »), examine la collecte et l’utilisation de données personnelles par dix applications et conclut que « l’industrie publicitaire enfreint systématiquement la loi ».
« A chaque fois que vous ouvrez une appli comme Grindr, des acteurs publicitaires reçoivent vos données GPS, les identifiants de l’appareil et même le fait que vous utilisez une appli de rencontre gay », dénonce l’activiste autrichien Max Schrems. « C’est une violation insensée des droits européens de confidentialité des usagers », souligne-t-il dans un communiqué du Conseil des consommateurs, un organisme indépendant bénéficiant de fonds publics.
« Profilage en ligne »
Tinder est aussi épinglée pour le partage des données de ses utilisateurs avec au moins 45 sociétés appartenant à Match Group, exploitant du site de rencontres du même nom. D’autres applications comme Qibla Finder (rappel des événements à caractère religieux pour les musulmans), Clue et MyDays (suivi des périodes de fertilité) ou encore celle pour enfants My Talking Tom 2 sont aussi montrées du doigt.
« Vingt mois après l’entrée en vigueur du RGPD (règlement général sur la protection des données mis en place dans l’UE en mai 2018), les consommateurs sont toujours amplement suivis et font l’objet d’un profilage en ligne, et n’ont aucun moyen de savoir quelles entités traitent leurs données et comment les arrêter », déplore le Conseil des consommateurs. Selon l’organisme, de telles pratiques pourraient déboucher sur des cas de discrimination, de manipulation ou d’exploitation.
LQ/AFP