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« Thriller » ressuscité en 3D à la Mostra de Venise


Plus qu'un clip, Thriller est un court-métrage de 14 minutes (durée inédite à l'époque) dont le format et l'esthétique marqueront un tournant dans l'histoire de la pop. (photo DR)

La brume qui enveloppe le cimetière, les morts-vivants qui sortent des sépultures, et le rire diabolique pour conclure… « Thriller » de Michael Jackson a été ressuscité à la Mostra de Venise par son réalisateur John Landis venu présenter une version en 3D de ce clip culte.

« Michael et moi avons toujours eu l’intention de le montrer au cinéma », a expliqué John Landis à la presse à l’occasion de la projection de cette nouvelle version du clip qu’il avait réalisé en 1983 à la demande de la star. Plus qu’un clip, il s’agit d’un court-métrage de 14 minutes (durée inédite à l’époque) dont le format et l’esthétique marqueront un tournant dans l’histoire de la pop. Le titre Thriller donne son nom à un album au succès planétaire.

Le réalisateur de 67 ans est parvenu grâce à la technologie à remixer le son, et surtout à rendre l’ancien enregistrement compatible avec la 3D. « Quand vous regardez (le clip) sur YouTube, vous ne le voyez pas comme il devrait apparaître. Maintenant, oui, vous le voyez tel que Michael et moi voulions qu’il soit vu », a-t-il assuré. Le film, qui met en scène la transformation en loup-garou du roi de la pop Michael Jackson, alors au sommet de son art, est accompagné d’un making-of réalisé en 1983 mais jamais diffusé au cinéma.

Michael Jackson est mort en 2009 à l’âge de 50 ans, une « tragédie pour ses enfants, ses amis, pour le monde entier », s’est souvenu John Landis, qui avait pourtant intenté une action en justice contre le chanteur peu avant sa mort. Un accord a ensuite été trouvé en 2012 avec les héritiers de Michael Jackson. Le chanteur, mort d’une surdose de médicaments, avait contacté John Landis après avoir vu son film An American Werewolf in London, en lui expliquant qu’il souhaitait lui aussi vivre cette transformation d’homme en loup marchant à quatre pattes. « Nous avons réalisé que ça ne marcherait pas, comme Michael devait danser, il était évidemment beaucoup plus facile d’avoir un ‘monstre’ à deux pattes plutôt qu’à quatre », a expliqué le réalisateur.

Et, effectivement, le loup-garou de Thriller ressemble davantage à celui du film I Was a Teenage Werewolf, tourné par Gene Fowler Jr en 1957. « En fait, Michael n’avait pas beaucoup vu de films d’horreur, il les trouvait trop effrayants », raconte le cinéaste, auteur également d’un autre film culte, Les Blues Brothers. « Il s’agissait surtout d’un clip vidéo très égocentrique, avec la transformation de Michael en monstre, mais tout a très bien fonctionné, j’étais extrêmement surpris. »

Michael Jackson vivait alors une période heureuse, quelques années après avoir rompu avec sa famille. « Il venait chez moi et on regardait des dessins animés jusqu’à quatre heures du matin », a-t-il encore raconté. Les choses ont changé huit ans plus tard lorsque John Landis a réalisé le clip de l’album Black and white. « Pour Thriller il était heureux de me laisser faire, pour Black and White je travaillais pour Michael, il était beaucoup plus protégé », a-t-il expliqué. Michael Jackson pouvait alors revendiquer le titre d’homme le plus célèbre de la planète, mais John Landis jure ne pas envier le côté plutôt « bizarre » de la célébrité du chanteur. « Il y avait quelque chose d’enfantin chez Michael, mais il n’était pas puéril. Il n’a jamais eu d’enfance c’est pourquoi il souhaitait tellement en vivre une, une fois adulte », a encore estimé le réalisateur.

Le Quotidien/AFP