Le médiatique Thomas Pesquet à présent héros d’une bande dessinée! Avec beaucoup d’humour mais aussi de justesse, l’auteur Marion Montaigne invite le lecteur à se glisser « dans la combi » de l’astronaute pour revivre ses aventures, depuis sa sélection jusqu’à son retour sur Terre après six mois dans l’espace.
Dans ce docu-fiction de plus de 200 pages qui sort en librairie le 24 novembre, l’image glamour du métier d’astronaute, genre « L’étoffe des héros », en prend pour son grade mais le job gagne en humanité.
« C’est l’histoire vraie de ma mission » « passée au regard laser » de Marion Montaigne, a déclaré vendredi l’astronaute français à l’occasion de la présentation de l’ouvrage édité chez Dargaud. « Elle a un talent pour voir le ridicule dans absolument tout ». Sa BD « démystifie un peu l’image parfois trop papier glacé des astronautes ».
Le Normand, qui assure actuellement « le service après vente » de sa mission comme il le dit lui-même, arborait une courte barbe finement taillée. « Je profite de ce moment pour me laisser pousser la barbe car en vol on n’a pas le droit de le faire à cause du scaphandre », explique-t-il.
Spécialiste de la vulgarisation scientifique, Marion Montaigne est la créatrice du blog humoristique « Tu mourras moins bête » avec son professeur Moustache. Elle l’a décliné ensuite en livres puis en série télévisée diffusée sur la chaîne Arte.
Il y a deux ans, elle a jeté son dévolu sur l’astronaute alors qu’il était encore à l’entraînement. « J’avais envie de faire quelque chose sur l’espace », raconte-t-elle. « Lorsque j’ai appris que Thomas Pesquet avait posté un commentaire sur mon blog, cela m’a encouragée. Je me suis dit « chouette, il a peut-être de l’humour ». Il s’avère qu’il en a pas mal », souligne la dessinatrice de 37 ans, deux de moins que l’astronaute.
Thomas Pesquet a donné son accord pour que Marion Montaigne le croque, demandant simplement à relire les brouillons « pour vérifier que je n’écrivais pas de grosses bêtises » sur le plan technique, dit-elle.
« Métier hallucinant »
La relecture s’est faite au fur et à mesure, y compris lorsqu’il était dans l’espace entre novembre 2016 et juin 2017. « Il a été cool. Il ne m’a pas repris sur grand chose. Il me disait +vas-y!+ et il rajoutait des anecdotes ».
Marion Montaigne a pu s’en donner à cœur joie pour décortiquer le quotidien des astronautes. Munie de son petit carnet de croquis, elle a suivi des entraînements de Thomas Pesquet à Cologne, Houston et à la Cité des Étoiles, près de Moscou. Elle a aussi assisté à un lancement de Soyouz.
Elle dit avoir découvert « un métier hallucinant », qui demande « un énorme taf ».
Le livre dépeint le long processus de sélection des astronautes par l’Agence spatiale européenne en 2008. L’auteur imagine des « psychotechniciens sadiques » mitonnant des tests pour déstabiliser les candidats du genre « vous devez vous entretuer mais en collaborant ».
Finalement, Thomas Pesquet fait partie des six élus. Un long entraînement commence. Cours de russe dans la Ruhr, apprentissage délicat des toilettes spatiales dans un centre de la Nasa (« s’entraîner à bien viser »), rudes séances de centrifugeuse en Russie…
L’astronaute, présenté comme un beau gosse blond, baraqué et un brin frimeur, ronge son frein, en regardant ses collègues de promotion s’envoler les uns après les autres.
En novembre 2016, Thomas Pesquet finit par rejoindre la station spatiale internationale. « On pourrait croire qu’on va passer la journée à faire des trucs cools, si possible en combi spatiale ». « En fait c’est surtout une succession de tâches chronométrées très techniques et on reste en T-shirt-chaussettes », constate l’avatar de l’astronaute.
Le retour sur Terre est rude. A peine sorti de la capsule Soyouz, Thomas Pesquet doit sourire aux caméras et répondre au téléphone au nouveau président Emmanuel Macron, alors qu’il a très mal au cœur.
« L’anecdote est vraie. J’ai dû vomir plusieurs fois » après l’atterrissage, dit-il.
Le Quotidien/ AFP