Un petit parfum allenien plane sur le dernier film de Peter Bogdanovich, Broadway Therapy. Mais des deux papys, on préfère toujours Woody.
À Los Angeles, une ancienne escort girl devenue actrice star (Imogen Poots) raconte à une journaliste comment elle a gravi les marches de la gloire. En quelques flashbacks, son passé new-yorkais est alors conté, entre farce et mise en abyme.
D’un point de départ très convenu, Peter Bogdanovitch, 75 ans, tire une bluette urbaine, où la candeur de l’ héroïne se confronte aux névroses des personnages qu’elle rencontre. Au hasard, un metteur en scène (Owen Wilson) érotomane coupable, sa femme jalouse (Kathryn Hahn, vue dans la série Parks and Recreations), une psychanalyste névrosée (Jennifer Aniston, parfaite) ou encore un acteur caractériel (Rhys Ifans, toujours impeccable). Galerie de portraits truculents qui donne tout le piment à ce conte sans autre ambition que de parler de ce monde un peu à part qu’est le cinéma.
Car Bogdanovitch n’est jamais meilleur que dans son élément, ce septième art qu’il a découvert comme critique avant de devenir acteur et réalisateur. Ami de tout Hollywood, il n’a eu aucun mal à convaincre un étonnant et disparate panel de stars à participer à son projet. Tous les rôles sont ainsi interprétés par des acteurs dont le visage vous dira forcément quelque chose. De Cybill Shepherd (Clair de Lune) à Joanna Lumley (Absolutely Fabulous) en passant par Brian Donnahue ou encore Michael Shannon.
Et on prend autant de plaisir à regarder cette comédie de boulevard qu’à attendre la prochaine guest star. Les amateurs apprécieront, les autres passeront leur chemin et attendront le prochain Woody Allen, forcément mieux écrit et plus profond que ce vaudeville new-yorkais. Peter Bogdanovitch ne refera plus le coup de génie que fut La Dernière Séance, son chef d’œuvre. Mais à 75 ans, son amour du cinéma reste intact et transpire de chaque plan, entre références et citations directes. « Squirrels to the nuts ».
Christophe Chohin