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Théâtre : Marie-Antoinette en toute intimité


Valérie Bodson et Salomé Villiers redonnent vie à Marie-Antoinette et Élisabeth Vigée-Lebrun pendant la création du célèbre portrait À la rose. (Photo Bohummil Kostohryz)

Création, ce mardi au Capucins, de La Légèreté française. Une histoire sur l’amitié sincère entre la reine de France et sa portraitiste, Élisabeth Vigée-Lebrun.

Ce sont «deux destins incroyables» que présente La Légèreté française, la pièce de Françoise Petit-Balmer, dont la première se tient ce soir à Luxembourg, avec Valérie Bodson dans le rôle de la reine Marie-Antoinette et Salomé Villiers dans celui d’Élisabeth Vigée-Lebrun.

La relation entre le peintre et son modèle a souvent fasciné les artistes. Un moment de création, d’intimité, de confiance réciproque qui fait fantasmer. Surtout quand le modèle n’est autre que la reine de France, Marie-Antoinette, et la peintre, Élisabeth Vigée-Lebrun, peut-être la plus grande portraitiste de son temps qui malgré des origines roturières a fréquenté le Tout-Versailles avant de devenir la portraitiste attitrée de la reine.

Pendant l’été 1783, elle travaille sur le célèbre tableau de Marie-Antoinette dit à la rose, celui où la reine est présentée dans une robe «en gaule», généralement utilisée en linge de corps. Et c’est justement aux dernières retouches de ce célèbre tableau que s’intéresse La Légèreté française, pièce posthume de Nicolas Bréhal dont la création mondiale se tient ce soir à Luxembourg, dans une mise en scène de Françoise Petit-Balmer.

«Nicolas Bréhal est mort en 1999, c’est l’ayant droit qui est venu me proposer cette pièce après avoir vu mon Voyage au bout de la nuit», explique la metteur en scène. Elle poursuit : «L’enchaînement incroyable du destin a fait que, peu après, Valérie Bodson et Salomé Villiers sont venues me voir à Paris pour me demander si j’avais une pièce pour deux comédiennes à leur proposer. Le projet s’est ainsi développé avec le Luxembourg et les Théâtres de la Ville.»

Ce soir, au Théâtre des Capucins, les spectateurs grand-ducaux pourront ainsi assister à ce moment d’intimité, à ce face-à-face entre ces deux femmes. Juste avant le scandale – «désormais la tenue de Marie-Antoinette ne choque personne, mais alors c’était un peu comme voir la reine en déshabillé, un peu comme si aujourd’hui une reine posait en nuisette transparente», souligne Françoise Petit-Balmer – et quelques années seulement avant la Révolution.

Deux femmes libres, fortes et indépendantes

Avec ce tableau les deux femmes ont choqué leurs contemporains, mais en même temps lancé une mode. Après le scandale, toutes les grandes femmes de Paris ont voulu, elles aussi, être représentées en «négligé». L’auteur imagine donc un dialogue entre ces deux femmes libres, fortes, indépendantes. Bref, entre deux féministes avant l’heure.

Un face-à-face inventé, mais créé à partir de faits réels. «Tout ce que la reine dit sur son amour pour le théâtre, sur le fait qu’elle adore jouer les soubrettes, sur le fait qu’elle ne voudrait vivre que dans cet endroit, à Versailles, mais à l’écart de la cour qui l’ennuie… est parfaitement historique, insiste la metteur en scène. Je pense que l’auteur s’est appuyé sur la foisonnante correspondance de Marie-Antoinette et les Souvenirs de Vigée-Lebrun, qu’on ne connaissait pas bien avant leur réédition l’année dernière à l’occasion de la première rétrospective qui lui a été consacrée en France, de septembre à janvier au Grand Palais de Paris.»

Dans ses écrits, Bréhal donne surtout la parole à la reine. Pour rendre un certain équilibre à ce face-à-face, Françoise Petit-Balmer y intègre, en voix off, des réflexions d’Élisabeth Vigée-Lebrun tirées de ses Souvenirs.

Alors que la mode du théâtre veut transposer les histoires anciennes à l’époque moderne, Françoise Petit-Balmer a fait le choix, au contraire, de replonger en cette fin de XVIIIe siècle. Les décors, réalisés par les ateliers des Théâtres de la Ville de Luxembourg, s’attachent donc à reconstruire ce petit cocon adoré par la reine.

Après la création ce soir, et deux autres représentations au Théâtre des Capucins, «la reine retrouve son Versailles», lance la metteur en scène. La pièce sera en effet reprise au Théâtre Montansier de Versailles, inauguré en présence de Marie-Antoinette. Un beau clin d’œil.

Théâtre des Capucins – Luxembourg.

Ce mardi, puis samedi et mardi prochain à 20 h.

Pablo Chimienti