Le festival d’Avignon propose, du 6 au 26 juillet, 41 spectacles, dont 37% sont, cette année, portés par des femmes. Au programme également un focus sur l’Afrique subsaharienne.
Aucun spectacle de théâtre «pur» n’est programmé, ce qui a déclenché une réaction virulente de l’auteur et metteur en scène congolais Dieudonné Niangouna en mars à l’annonce du programme. «Inviter un continent sans sa parole est inviter un mort», lançait-il sur sa page Facebook. «C’est une façon comme une autre de déclarer que l’Afrique ne parle pas, n’accouche pas d’une pensée théâtrale dans le grand rendez-vous du donner et du recevoir.»
«Chaque année, ceux qui ne sont pas programmés trouvent scandaleux de ne pas y être», remarque Olivier Py, directeur du festival depuis 2014, qui refuse de rentrer dans la polémique pour «ne pas jeter de l’huile sur le feu». D’autant que le bouillant Niangouna était «artiste associé» de l’édition 2013 du festival d’Avignon sous la précédente direction et y avait donné une pièce fleuve, Shéda, dans la Carrière de Boulbon. «Nous n’avons pas attendu l’édition 2017 pour programmer des auteurs africains», observe Olivier Py, rappelant la pièce de Gustave Akapo Même les chevaliers tombent dans l’oubli mise en scène par Matthieu Roy en 2014.
D’autres artistes rappellent que la «voix» de l’Afrique ne saurait se réduire au seul théâtre. La chanteuse, auteure et guitariste malienne Rokia Traoré, dont le spectacle Dream Mandé – Djata est donné du 21 au 24 juillet, souligne qu’«en Afrique, l’art dramatique peut être dans la parole qui se raconte, s’interprète ou se chante, il peut être dans les mouvements et dans les formes».
C’est ainsi que Dorothée Munyaneza restitue en musique, en mouvements et en mots la parole des femmes violées du Rwanda dans Unwanted, du 7 au 13 juillet. Le Sud-africain Boyzie Cekwana, danseur à l’origine, fait preuve de la même «indiscipline» en mêlant danse, vidéo et musique en direct pour raconter les populismes d’aujourd’hui dans The Last King of Kakfontein.
Angélique Kidjo pour finir en beauté
Le spectacle Kalakuta Republik du chorégraphe d’origine burkinabè Serge Aimé Coulibaly raconte aussi bien le chanteur nigérian Fela Kuti que l’Afrique d’aujourd’hui à travers le portrait de cette «république» utopique, où Fela avait installé tout son monde à Lagos. Nadia Beugré et Nina Kipré rendent hommage à une fondatrice de la danse ivoirienne, Béatrice Kombé, disparue en 2007, en reprenant sa pièce Sans repères.
Dans le même spectacle (9 au 15 juillet) Kettly Noël, née en Haïti mais installée à Bamako où elle dirige le festival de danse donnera Tichèlbè et Seydou Boro et Salia Sanou (Ouagadougou) proposeront une pièce pour trois danseurs, Figninto – L’Œil troué. Les tambours traditionnels et l’énergie rock du groupe Basokin résonneront le 16 juillet à Avignon. Et c’est un grand auteur, Léopold Sédar Senghor, qui clôturera le festival dans la Cour d’honneur avec Femme noire, une création de la chanteuse béninoise Angélique Kidjo et du comédien ivoirien Isaach de Bankolé, accompagnés notamment par le saxophoniste camerounais Manu Dibango.
Le Quotidien/AFP