On était prévenus. Dans Cet enfant, Joël Pommerat décortique d’une manière proche de la réalité sociale la relation parents-enfants.
Une relation, on le sait, qui peut aussi bien être source de joie que de tristesse, de bonheur comme de déception, d’amour comme de haine. Malheureusement, l’auteur a décidé de ne s’intéresser qu’à ses aspects les plus noirs. En dix saynètes, Pommerat présente autant de rapides situations mettant en scène deux générations de personnes de la même famille. Ici, un père divorce et sa petite fille. Là, une jeune fille proposant son bébé à un couple de voisins.
Ailleurs, un père tapant violemment son fils adulte à cause de son manque de poigne vis-à-vis de son propre rejeton ou encore un ado crachant la haine qu’il peut avoir de son père malade auprès d’une dame qu’on devine être une assistante sociale, à moins que ce ne soit une infirmière, quand ce ne sont pas ces deux voisines qui se rendent à la morgue pour reconnaître un jeune qui pourrait bien être un de leurs garçons. Des situations difficiles que l’auteur arrive à recréer sans lourdeur, bien au contraire, avec même quelques pointes d’humour salvatrices.
Reste que la pièce a les défauts de ses avantages. Si cette coupure en saynètes pas toujours en lien les unes avec les autres (quoi qu’on ait tenté de chercher des ponts entre elles) est dynamique et permet de raconter différentes réalités, elle empêche en même temps par sa structure même toute bienveillance mais aussi toute animosité envers les personnages, qui finalement ne font que passer devant nous.
On imagine bien que l’expérience doit être tout autre de l’autre côté de la scène et que cette chance offerte aux comédiens d’interpréter toute cette multitude de personnages en si peu de temps doit être jouissive. D’autant que – grande réussite de ce projet mis en scène par Marion Poppenborg – des huit comédiens présents sur scène, deux seulement sont professionnels. Les autres étant encore élèves (même si adultes) au Conservatoire de la Ville. Et franchement, sans vouloir faire offense aux pros, difficile, si on ne connaît pas les comédiens, de dire qui est amateur là-dedans (il n’y a que la jeunesse de certains qui les trahissent… un peu). Chapeau!
Pablo Chimienti
Cet enfant
Théâtre du Centaure – Luxembourg.
Jeudi et dimanche à 18 h 30. Vendredi et samedi à 20 h.