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Des sujets qui fâchent au Kasematten-theater


(Photo : DR/Theatre.lu)

Les Casemates s’emparent des thématiques ancrées dans l’actualité (montée du populisme, crise migratoire, liberté d’expression…) pour questionner le «vivre ensemble».

D’abord, une pensée pour lancer avec bienveillance la saison : «Une réflexion doit être un plaisir…» La formule est de Brech, et elle est reprise ici par Marc Limpach, dramaturge des Casemates (NDLR : en Allemagne, le terme dramaturge désigne un accompagnateur critique de la production, un conseiller littéraire, un collaborateur du metteur en scène, dont le travail se situe en deçà et au-delà du spectacle).

Bref, l’homme à tout faire des lieux qui, après le départ de Germain Wagener, ex-directeur artistique, a mis en place un procédé «collégial» pour ce nouveau programme, mis sur pied avec toute l’équipe du théâtre. «Aujourd’hui, ce sont plusieurs voix qui entrent dans la discussion.» Un peu de démocratie participative qui fait du bien au cœur d’une période peu glorieuse, que les Casemates ont toutefois décidé de relayer en cet exercice qui succède à l’anniversaire – réussi d’ailleurs – de ses cinquante ans. De sombres échos qui conviennent sur scène la montée du populisme, la crise migratoire (déjà mise en relief avec la pièce Lampedusa, d’après Henning Mankell, succès de la précédente mouture et repris bientôt au théâtre d’Esch) et la liberté d’expression. Quatre pièces et quatre lectures (pour un total de 16 rendez-vous) qui plongent dans l’actualité la plus fraîche et pas forcément la plus réjouissante.

Charlie Hebdo, un an après…

Ainsi, on repartira au carnage perpétré à Paris au sein de la rédaction de Charlie Hebdo avec Libertés, une lecture de textes écrits par des sommités (Hugo, Baudelaire, Voltaire, Spinoza…) et qui questionne, comme son nom l’indique, la liberté dans un sens large. «Ce n’est pas une commémoration, poursuit Marc Limpach, mais bien une réflexion esthétique» sur un sujet qui a fait les gros titres. Outre l’intérêt de la thématique, le dramaturge apprécie aussi que cette soirée – organisée, jour pour jour, un an après le carnage – soit portée par les «trois petits théâtres» de Luxembourg : le sien, bien sûr, le TOL et le Centaure. «Je crois même que c’est une première!», s’avance-t-il.

D’autres coproductions sont aussi à l’affiche, notamment, Die Vögel (Les Oiseaux) d’Aristophane, œuvre considérée par certains comme la première utopie socialiste, la création d’une cité idéale en opposition à ladite «démocratie», vue entre les lignes comme un caquetage de volière. La pièce Totentänze (Danses macabres) devrait elle aussi clouer le public à son siège, combinant des textes d’Ingmar Bergman et des images de Boccaccio. Ce sera elle qui lancera la saison et ce, dès la semaine prochaine. Das Ding aus dem Meer (farce apocalyptique de Rebekka Kricheldorfs), Ein Kind unserer Zeit (l’un des derniers romans d’Ödön von Horváth, pour un avant-goût de l’existentialisme en pleine Allemagne nazie) et Möglicherweise gab es einen Zwischenfall (traduit de Chris Thorpe).

Reste ensuite toute une série de lectures qui rappelle, notamment, les heures sombres de l’histoire avec, en outre, quelques orientations musicales (d’Cojellico’s Jangen, Fränz Hausemer). Finalement, le rendez-vous le plus emblématique de cette orientation conclura la saison en juin prochain, avec le penchant de Marc Thommes pour le plus grand compositeur de tous les temps (Das Radial liest Mozart). C’est vrai, la formule d’Aristote dit que la musique adoucit les mœurs. Il est plus que temps de jouer un peu plus fort.

Grégory Cimatti

www.kasemattentheater.lu

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