Samedi 15 septembre, la Theater Federatioun lancera la saison théâtrale en allant à la rencontre du grand public. Un rendez-vous totalement repensé.
Finie la grande fête du théâtre, de la danse et des arts de la scène en général ! La Theaterfest n’est plus. Elle laisse désormais la place à un simple «Lancement de la saison théâtrale 2018/19». En pratique, on garde les stands d’information où chaque théâtre, centre culturel régional, compagnie… peut présenter sa saison à venir, donner son programme aux passants et tailler le bout de gras avec le tout-venant, mais on laisse totalement tomber la présentation d’extraits de spectacles en préparation, les mises en espace de projets à venir, les lectures de pièces en écriture ainsi que les différents ateliers pour enfants et adultes qui ont fait son succès les premières années.
«Ce n’était pas toujours très constructif», note le vice-président de la Theater Federatioun, Nicolas Steil. La présidente, Carole Lorang, ajoute : «Et puis, on ne peut pas dire qu’il y avait toujours beaucoup de monde.»
Cette mutation du rendez-vous de la rentrée suit l’évolution de la Theater Federatioun, fédération luxembourgeoise des arts de la scène, qui prend de plus en plus la tournure d’une structure de lobby politique. «C’est une année différente des autres, on est à un mois des élections législatives, on a donc voulu profiter de cet élan pour attirer l’attention des politiciens», reprend Carole Lorang, par ailleurs directrice du Théâtre d’Esch-sur-Alzette.
Sacrifice pour le long terme
Dix-neuf stands – Théâtres de la ville de Luxembourg, Théâtre d’Esch, TNL, TOL, Centaure, théâtre des Casemates, Kulturfabrik, CAPe, Kulturhaus de Mersch et de Niederanven, Rotondes, 3C-L, Neimënster, Kinneksbond, Independent Little Lies, Kaleidoskop, MASKéNADA, Association des artistes indépendants et fédération elle-même – seront installés tout le long de la Grand-Rue dans la zone piétonnière de la capitale pour toucher les adeptes du shopping du samedi après-midi. S’y ajoutera uniquement pour ce «Lancement de la saison théâtrale 2018/19» une table ronde sur le thème «Secteur luxembourgeois du spectacle vivant : quel engagement politique pour quelle(s) scène(s) ?».
Pour une institution qui craignait de voir son rendez-vous phare de la rentrée se résumer à un entre-soi professionnel et voulait inciter le grand public à franchir, enfin, la porte des théâtres, cela semble plutôt aller dans le mauvais sens. «On n’oublie pas le public pour autant», assure pourtant Carole Lorang. «Car si nous, professionnels, arrivons à travailler dans de meilleures conditions, ça aura un impact direct sur le public», ajoute-t-elle, tout en reconnaissant également que la Theaterfest coûtait extrêmement cher et que la Federatioun manque de moyens.
La structure privilégie donc le long terme, quitte à sacrifier, cette année du moins, sa fête de rentrée.
Pablo Chimienti