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The Strokes, belle anomalie rock


"Julian Casablancas est juste un génie - chaque fois que j'entends ses paroles, je me dis +moi je ne penserais jamais à le formuler comme ça+" a aussi salué la mégastar de la nouvelle pop Billie Eilish dans le New York Times. (Photo AFP)

Dans un monde musical dominé par la nouvelle pop, la K-Pop ou le rap (Taylor Swift, BTS, Drake, etc), The Strokes, messie d’un rock ressuscité au début des années 2000, attire toujours les foules.

La dernière soirée de Rock en Seine, festival aux portes de Paris, dimanche, est assurée de faire le plein avec 40.000 personnes pour voir les New-Yorkais en tête d’affiche.

« C’est un groupe arrivé au début des année 2000 et qui a mis tout le monde d’accord – à une époque on disait le rock enterré – avec un son super vintage mais aussi une association de guitares inédite au charme fou », brosse pour l’AFP Matthieu Ducos, directeur de l’évènement.

L’album fondateur « Is This It » sort en 2001, porté par « Last Nite », qui reste à ce jour le plus écouté du groupe – près de 525 millions de streams – sur Spotify, leader du marché des plateformes musicales.

« Depuis que j’avais eu la chance de voir Nirvana en 1990 – avec Iggy Pop dans la foule – je n’avais rien vécu de nouveau dans le rock », se souvient la photographe Leslie Lyons, spécialiste de la scène new-yorkaise, bluffée par un concert des jeunes Strokes au Mercury Lounge, petite salle de la Grosse Pomme fin 2000.

« Quand ils ont joué, le Mercury Lounge s’est embrasé », ajoute-t-elle encore sur le site de la Modern Rocks Gallery, galerie d’art à Austin (Texas). La photographe y a exposé et vendu au printemps les premiers clichés du groupe pris pour leur future promotion, ceux qui ont façonnée leur image, entre cool et canaille.

« Juste un génie »

Elle décrit « l’énergie » des Strokes comme « ramenant quelque chose de familier tout en nous faisant avancer en même temps ».

Les 36 minutes de « Is This It » évoquent des groupes cultes new-yorkais, le Velvet Underground ou Television, mais ancrent aussi le disque dans le présent avec les guitares reptiliennes du tandem Albert Hammond Jr./Nick Valensi et la voix ébréchée de Julian Casablancas (fils du fondateur de la célèbre agence de mannequins Elite).

The Strokes devient alors la nouvelle sensation. Le batteur Fab Moretti formera même un de ces couples du moment dont la presse people raffole avec l’actrice Drew Barrymore (« E.T. », « Charlie et ses drôles de dames »).

Et le quintet de New-York pavera la voie pour d’autres groupes à guitares, avec, du côté du Royaume-Uni, les Libertines (premier album en 2002) ou Franz Ferdinand (premier album en 2004).

« Julian Casablancas est juste un génie – chaque fois que j’entends ses paroles, je me dis +moi je ne penserais jamais à le formuler comme ça+ » a aussi salué la mégastar de la nouvelle pop Billie Eilish dans le New York Times, captivée par leur dernier album, « The New Abnormal », paru en avril 2020, en pleine crise sanitaire alors que tous les artistes majeurs reportaient leurs sorties.

« Etre un des Strokes »

Les Strokes sont aussi cités par le groupe britannique Arctic Monkeys : « Je voulais juste être un des Strokes » chante ainsi le leader Alex Turner sur « Star Treatment » en 2018.

Matt Helders, batteur des Arctic Monkeys, a d’ailleurs collaboré sur le dernier album personnel d’un des guitaristes des Strokes, Albert Hammond Jr.

Les aventures en solo des membres du groupes ont parfois pu faire penser à une séparation qui ne disait pas son nom. Julian Casablancas s’échappe ainsi dès 2009 avec l’album « Phrazes for the Young » et rejoint dès 2013 une autre formation, The Voidz.

Dans le cadre des dix ans de « Random Access Memories », album à succès de Daft Punk, un inédit de 2013, « Infinity Repeating » a été dévoilé en mai et on y entend Julian Casablancas et The Voidz en guest-stars.

Mais les Strokes sont toujours là et c’est un « beau cadeau » pour les 20 ans de Rock en Seine, savoure Matthieu Ducos.