Film événement de ce début 2016, The Revenant conte le périple d’un trappeur dans le Grand Ouest américain des années 1820. Avec un Leonardo DiCaprio au meilleur de son art.
Inspiré de faits réels, The Revenant raconte l’histoire du trappeur Hugh Glass au XIXe siècle, grièvement blessé par un ours et laissé pour mort dans un environnement des plus hostiles, qui tente de survivre porté par un désir de vengeance.Le film, qui a déjà remporté plusieurs Golden Globes et est en lice pour les Oscars, a été tourné dans le Grand Nord canadien et en Patagonie,en lumière naturelle et dans des conditions très difficiles. Leonardo DiCaprio peut en témoigner…
Tout simplement le film événement de cette année 2016 naissante. Le week-end dernier, alors que l’est des États-Unis était frappé par la violente tempête «Snowzilla» et que la fréquentation des salles obscures en prenait un sacré coup, la nouvelle œuvre d’Alejandro González Iñárritu a écrabouillé la concurrence. La critique est élogieuse pour un film nommé dans quatre catégories des prochains Oscars, et porté par un formidable Leonardo DiCaprio.
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En début de semaine, de passage à Paris, l’acteur américain a confié : « Ce tournage est l’un des plus difficiles que j’ai connu. Mais ça fait partie du boulot» . Et aussi : « Je voulais vraiment travailler avec ce réalisateur car il propose une expérience unique. » Mexicain de 52 ans, González Iñárritu est le réalisateur de quelques films importants (A mours chiennes , Babel , Biutiful ou Birdman ), lui qui assure : « L’endurance et la résilience de l’esprit humain m’ont toujours ému. »
Ainsi, il n’a pas hésité longtemps pour adapter sur grand écran le roman de l’écrivain américain Michael Punke – un texte sur l’histoire vraie du trappeur Hugh Glass brutalement attaqué par un ours et laissé pour mort par ses compagnons d’aventure. Le film a été compliqué à monter, le scénario tournait dans différents studios depuis quelques années. Sans oublier qu’Alejandro González Iñárritu avait posé ses conditions : le tournage devait se faire dans des décors naturels…
Hypothermie et foie de bison cru
« Il aura fallu cinq années de recherche des paysages et des conditions météo assez dures pour figurer le Grand Ouest américain de 1823 », commente le réalisateur. Il poursuit : « Il était impossible de trouver un décor authentique aux États-Unis. Les seuls lieux un peu préservés se trouvent dans les parcs nationaux où il est impossible de tourner. » Donc lui et la production décident que le film sera tourné au Canada. Il y installe un camp d’entraînement pour apprendre à manier les fusils à silex, à dépecer les castors, à lancer des tomahawks…
Encore le réalisateur : « Je voulais que l’aventure de l’équipe transpire sur le film. Il fallait faire vivre aux spectateurs une émotion sensorielle à 360 degrés. » Le magazine The Hollywood Reporter publiera un long reportage sur le tournage, titré «Un véritable enfer», tandis que l’acteur principal Leonardo DiCaprio témoignera : « J’ai souffert d’hypothermie, dormi dans une carcasse d’animal, mangé du foie de bison cru …» González Iñárritu rappelle simplement que ces films modèles sont Andrei Roublev (Tarkovski), Aguirre, la colère de Dieu (Herzog) et Apocalypse Now (Coppola), et qu’il apprécie rien de plus que les tournages dans des conditions dantesques.
« Je pense que nous avons tous sous-estimé ce que serait cette expérience », confirme alors l’acteur. C’était bien le moins utile qu’il fallait pour The Revenant , un film qui emmène le spectateur dans une Amérique furieusement sauvage. Un trappeur, Hugh Glass, y est attaqué par un ours, gravement blessé, abandonné par ses équipiers, laissé pour mort… Le trappeur, tout couvert de plaies et de cicatrices, refuse de mourir. Porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, il se lance alors dans un périple de plus de 300 kilomètres.
L’environnement est hostile, Glass veut retrouver l’homme qui l’a trahi. De son désir de vengeance, il va faire une lutte héroïque pour rentrer chez lui et trouver la rédemption. Filmé à la lumière naturelle d’un plein hiver, cette œuvre d’Alejandro González Iñárritu au format XXL (plus de deux heures et demie) n’est pas seulement un catalogue de cartes postales, de la beauté et de la cruauté humaine ou encore une performance d’acteur signée Leonardo DiCaprio. C’est, voyage dans l’enfer blanc, aussi un film épique et écologique.
Serge Bressan
The Revenant, d’Alejandro González Iñárritu (États-Unis, 1h36) avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson…