Le groupe anglais continue sa bataille contre l’électronique version « pop ».
Vingt-cinq ans après avoir secoué la scène anglaise avec de furieux beats électroniques et une attitude punk, The Prodigy mène plus que jamais bataille contre l’électronique sucrée, version « pop », avec un turbulent sixième album attendu pour le 30 mars. « Je ne suis pas en colère, mais je pense que la violence présente dans ce nouvel album est en partie une réaction à ce qui se passe musicalement autour de nous », explique Liam Howlett, l’âme du groupe de Braintree (Essex, Grande-Bretagne).
« La musique électronique a été prise en otage par tous les styles de musique possibles pour faire de la pop. Quel que soit le style de musique pop qu’on peut entendre, il y a ces beats électroniques, des morceaux venus de la musique underground, absorbée par les artistes pop », regrette ce pur et dur de la musique techno, ciblant notamment ces DJ internationalement connus, David Guetta et autres, spécialistes de la « dance ». « J’apprécie parfois la pop, mais malheureusement, il y est souvent d’abord question d’argent : nous combattons ça et c’est ce que notre musique représente. Il doit y avoir une autre extrémité à cela, et c’est là que Prodigy survit. Il y a le yin et le yang, nous sommes le yang à cela », ajoute le quadragénaire (43 ans), pour qui la musique doit être « offensive ».
« À l’écoute de nouveaux sons »
The Prodigy a été révélé dans les années 1990 par une poignée de tubes furieux et obsédants, baptisés Firestarter, Breathe ou Smack My Bitch Up, des clips étranges et des prestations « live » enflammées à travers la planète, qui ont inscrit le groupe dans la catégorie electro « hardcore » ou « big beat ». Loin d’être assagi, le groupe revient le 30 mars avec un sixième album, The Day Is My Ennemy, où les quatorze titres sont fidèles à l’esprit guerrier et sombre qui a fait sa réputation.
Quelques morceaux sont déjà parus ces derniers mois, comme les- bien-nommés Nasty ou Wild Frontier. Liam Howlett et ses compères, dont les pochettes et les clips fourmillent d’animaux, ont, cette fois, adopté pour emblème, un renard, animal aimant chasser la nuit. Le groupe, dont le dernier album en date (Invaders Must Die, sorti en 2009) s’est écoulé à 1,5 million d’exemplaires dans le monde, sera de retour prochainement sur les routes européennes – il sera notamment à Strasbourg, au festival des Artefacts, le 17 avril, et au Rock Werchter (Belgique) le 27 juin.
The Prodigy a vendu plus 25 millions de disques depuis ses débuts, selon le site de la revue britannique NME. « Je lis des chiffres, mais personnellement, je n’en ai aucune idée, élude Liam Howlett. Mais pour être honnête, la plupart de nos disques ont été vendus dans les années 90. Dans ce nouveau monde, les gens n’ont plus l’habitude d’acheter de disques. Aujourd’hui, pour nous, écrire un album c’est surtout faire une bande son pour nos concerts : apporter la musique aux gens, c’est ça la puissance de Prodigy. »
« Nous ne sommes plus un groupe underground, nous sommes populaires, mais notre éthique punk-rock est demeurée la même depuis le premier jour, assure le musicien. Nous nous nourrissons de l’underground, j’essaie de rester à l’écoute des nouveaux producteurs, d’écouter des nouvelles choses. C’est important pour moi, je veux être certain d’être en prise avec ce qui se passe », explique cet admirateur de Die Antwoord, de Justice ou du duo britannique Sleaford Mods, invité sur l’un des titres du nouvel album de The Prodigy.
AFP