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« The Post », de Steven Spielberg : la vérité à tout prix


Meryl Streep et Tom Hanks forment le duo Graham-Bradlee, qui va dévoiler un scandale d'État en sortant des révélations sur les agissements de quatre présidents américains. (photo DR)

Au tournant des années 1970, une femme dirige un grand quotidien américain. Avec son rédacteur en chef, elle est confrontée à un dilemme : faut-il ou non publier un scoop ? C’est The Post, le très réussi 31e et nouveau film de Steven Spielberg.

Il y a une confidence signée Steven Spielberg : «Je suis un des metteurs en scène les plus rapides de l’Ouest ! J’ai toujours plusieurs scénarios dans la tête, voilà pourquoi je n’arrête jamais de travailler.» Et présentant The Post, son nouveau film à «petit» budget (42 millions de dollars), il ajoute, petit sourire : «Ma passion, c’est de trouver de formidables histoires et de les partager. Quand j’en tiens une, elle m’obsède jusqu’à ce que je trouve un moyen de la mettre en images.»

Ainsi, en 2016, il travaille sur son prochain long métrage, Ready Player One – et c’est alors que lui arrive le scénario de The Post. Ni une ni deux, il met son projet en suspens (qui sortira au printemps) et se lance dans cette histoire qui évoque un des journaux quotidiens de la capitale, The Washington Post. C’est aussi un journal qui, un temps, fut propriété d’une femme, Katharine Graham (1917-2001)… Avec Spielberg, on la retrouve sur grand écran. À l’époque, en 1965 pour être exact, elle recrute le journaliste Ben Bradlee, le nomme rédacteur en chef et le charge de monter une équipe de journalistes qui fera du quotidien l’un des journaux les plus prestigieux au monde. Surtout, le duo Graham-Bradlee va dévoiler un scandale d’État en sortant des révélations sur les agissements de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinés à étouffer des affaires très sensibles.

Au péril de leur carrière et de leur liberté, au nom d’un idéal de transparence, le duo va devoir surmonter tout ce qui les sépare pour, au tournant des années 1970 et au grand jour, révéler des secrets longtemps enfouis, dont des informations explosives sur l’implication des États-Unis durant la guerre du Vietnam. Quelques années avant le scandale du Watergate (également révélé par le Post), le quotidien de Washington a pourtant, et c’est oublié par la légende, été devancé par son concurrent, The New York Times, dans la révélation de ces scoops.

Toutefois, à la lecture du scénario, Steven Spielberg n’a pas hésité longtemps : il avait là une formidable histoire qui mêlait le monde du journalisme et le thriller. Et il n’a pas hésité non plus sur la forme, connaissant parfaitement l’histoire d’un 7e art qui a déjà fourni de nombreux films sur le monde journalistique. Donc, pour The Post, il a décidé de centrer sur la question : faut-il ou non publier une information sensible?

Le réalisateur de Jurassic Park et d’E. T. et tant d’autres a confié lors d’un récent passage à Paris : «J’ai voulu réaliser un film pertinent, mais aussi un film distrayant. Je ne voulais pas donner l’impression de faire la leçon au public, de pontifier sur le combat de la presse… Pour moi, les journalistes sont les Indiana Jones d’aujourd’hui… C’est après la vérité qu’ils courent.» Avec The Post, Spielberg signe un film à la gloire du courage et de la démocratie – d’autant plus nécessaire quand, près de 50 ans plus tard, un certain Donald Trump multiplie les attaques contre la presse.

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan