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Tenter de contacter des civilisations extra-terrestres n’est pas risqué, estiment des astrophysiciens


Des astrophysiciens américains qui veulent envoyer des signaux vers des étoiles dans l’espoir d’établir un contact avec une civilisation extraterrestre ont rejeté jeudi les craintes d’autres scientifiques comme Stephen Hawking selon lesquels cette initiative pourrait menacer la Terre.

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Stephen Hawking a souligné le fait que l’histoire humaine fournit de nombreux exemples de rencontres tragiques pour des civilisations moins avancées, comme les Incas avec les Espagnols. (Photo : AFP)

Ces chercheurs à l’Institut SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence) en Californie espèrent pouvoir bientôt mettre en oeuvre ce projet. « Pendant cinquante ans, nous avons pointé des radiotélescopes vers des étoiles en quête de signaux d’autres civilisations, mais sans succès », a expliqué Douglas Vakoch, un scientifique du SETI, lors d’une présentation à la conférence annuelle de l’American Society for the Advancement of Science (AAAS) réunie cette semaine à San Jose en Californie.

« Avec ce programme Active SETI, nous inversons le processus pour prendre un rôle actif en transmettant de puissants signaux riches en informations vers d’autres mondes dans l’espoir d’avoir une réponse », a-t-il ajouté. Ces messages seraient envoyés vers des systèmes stellaires relativement proches comptant des planètes potentiellement habitables.

Selon ces astrophysiciens, une telle approche est plus prometteuse que les tentatives précédentes pour établir un contact avec des extraterrestres, telles le disque embarqué à bord des deux sondes spatiales Voyager, lancées en 1977, contenant des sons et des images sélectionnés pour faire un portrait de la diversité de la vie et de la culture terrestres.

Des signaux radio ont aussi déjà été transmis à cette fin dans le cosmos. En 1999, des scientifiques russes ont envoyé leurs propres messages avec le télescope Yevpatoria en Crimée, et en 2008, la Nasa, l’agence spatiale américaine, a transmis la chanson des Beatles « Across the Universe » vers l’étoile polaire, distante de 430 années-lumière.

En recourant aux radiotélescopes actuels les plus puissants, Seth Shostak, directeur de l’Institut SETI, a estimé lors de cette même présentation jeudi qu’il faudrait diffuser vers ces étoiles tout le contenu d’internet, ce qui permettrait à une autre civilisation qui capterait ces signaux de décrypter toute l’histoire humaine et de sa culture.

> « Toute civilisation extraterrestre peut facilement capter nos émissions d’ondes radio »

Ces chercheurs reconnaissent que leur projet est controversé, citant les réserves émises notamment par Stephen Hawking, pour qui de telles transmissions seraient « irresponsables ». L’astrophysicien britannique a souligné le fait que l’histoire humaine fournit de nombreux exemples de rencontres tragiques pour des civilisations moins avancées, comme les Incas avec les Espagnols.

Mais les promoteurs du projet Active SETI rejettent avec force ces arguments, qui selon eux relèvent de la « paranoïa ». Seth Shostak a fait valoir qu' »il est de toutes façons trop tard pour s’inquiéter de signaler notre présence » à d’éventuels E.T. belliqueux. « Toute civilisation extraterrestre suffisamment avancée pour attaquer et vaporiser la Terre peut facilement capter nos émissions d’ondes radio, que nous diffusons depuis la Seconde guerre mondiale », a-t-il relevé.

Pour lui, si l’on voulait interdire de diffuser des signaux dans l’espace, il faudrait aussi empêcher l’utilisation des systèmes radar militaires et des aéroports, et pourquoi pas des éclairages des villes. « De telles mesures paranoïaques saperaient toutes les activités et progrès des générations humaines futures », a-t-il jugé.

Rejetant les accusations de paranoïa, David Brin, astrophysicien et auteur d’ouvrages de science-fiction, a plaidé pour un moratoire avant d’envoyer ces messages. « Nous proposons un appel au consensus par une consultation internationale et publique avant que l’humanité ne fasse un pas irréversible, à savoir signaler à grands cris notre présence dans le cosmos », a déclaré l’écrivain devant l’AAAS.

AFP