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[Télévision] Cyril Hanouna au centre d’une nouvelle polémique en France après de violents propos


Ce n'est pas la première polémique créée par Cyril Hanouna. (photo AFP)

« Abruti », « tocard », « bouffon », « t’es une merde » : après avoir pris à partie en direct le député La France insoumise (LFI) Louis Boyard, l’animateur Cyril Hanouna est au centre d’une nouvelle polémique, qui suit de trois semaines ses propos contestés sur la justice et l’affaire Lola.

Au lendemain de cet incident d’une violence verbale rare, Louis Boyard a réclamé vendredi une commission d’enquête parlementaire sur « les ingérences de Vincent Bolloré » dans les médias dont il est propriétaire. C’est le cas de C8 (groupe Canal+), chaîne où est diffusée l’émission de Cyril Hanouna Touche pas à mon poste (TPMP).

Dans un communiqué, l’élu du Val-de-Marne a dénoncé « une tentative d’intimidation mais aussi (une) manifestation claire des méthodes de censure qui sont employées pour museler quiconque s’attaquerait à l’empire de ce milliardaire ». L’incident a éclaté après qu’il a mis en cause Vincent Bolloré lors de l’émission de jeudi soir.

« Nous sommes saisis et nous allons examiner la séquence au regard des obligations de l’éditeur », a indiqué le régulateur des médias, l’Arcom, sans préciser si la saisine émanait de LFI ou de téléspectateurs.

Après l’émission, la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, avait annoncé son intention de saisir l’Arcom.

 

« Nous ne ferons aucun commentaire, ni C8 ni Cyril Hanouna », a enfin indiqué la chaîne.

« Hypocrisie » 

L’algarade d’une dizaine de minutes a eu lieu lors d’une séquence consacrée au bateau de migrants Ocean Viking.

Invité en plateau, Louis Boyard, député depuis juin et ancien chroniqueur de l’émission, a accusé les « cinq personnes les plus riches » de France d' »appauvrir l’Afrique ». Il a cité le milliardaire Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+. « Bolloré t’a donné de l’argent puisque t’étais chroniqueur ici (et) ça te dérangeait pas », a répliqué Cyril Hanouna, en reprochant au député d’avoir voulu « faire un coup d’éclat ».

Le ton est vite monté. « T’es un irresponsable Cyril, tu fais du mal à la France, tu fais monter le racisme et on n’a même pas le droit de critiquer Bolloré sur ta chaîne », a lancé Louis Boyard.

« Toi t’es une merde », a renchéri l’animateur, après avoir traité le député d’«abruti», de « bouffon » et de « tocard ». Louis Boyard est parti sous les huées du public.

« Cette séquence (…) est bien la preuve que sur TPMP, on peut tout dire, et inviter tout le monde », a ensuite twitté M. Hanouna.

Pour le spécialiste en communication politique Philippe Moreau Chevrolet, l’incident est « symptomatique d’une très grande violence vis-à-vis du politique ». Pour autant, il existe « une hypocrisie du milieu politique » envers Cyril Hanouna, relève Philippe Moreau Chevrolet, scénariste en 2020 de la BD Le Président, dans laquelle il imaginait l’animateur en candidat à l’élection présidentielle.

« Audience populaire » 

Des responsables de LFI participent régulièrement à TPMP. Ainsi, Mathilde Panot y était le 3 novembre.

« Il y a un vrai piège démocratique: ils ont besoin de participer à TPMP pour exister en tant que force contestataire, parce que c’est l’un des seuls endroits à la télévision où on peut dire ce qu’on veut, y compris des positions dures, avec une audience populaire, de chômeurs, de gens au RSA », commente le politologue.

Plus largement, des responsables d’autres bords, dont des ministres (Marlène Schiappa), ont défilé ces derniers mois dans cette émission, accusée de chercher le buzz. « On peut avoir une vision pure en décidant de ne pas y aller, mais alors on se prive d’un vecteur », a pour sa part expliqué le député LFI Manuel Bompard .

TPMP est un succès d’audience, avec 1,8 million de téléspectateurs en moyenne et des pics à plus de 2 millions. Fin octobre, Cyril Hanouna avait provoqué une autre polémique en appelant à un procès sommaire pour la meurtrière de la jeune Lola. Ses positions avaient été qualifiées de « négation de l’État de droit » par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. Là encore, l’Arcom est saisie.