La terrasse panoramique inaugurée en juin par le musée londonien Tate Modern a réveillé les instincts voyeuristes de ses visiteurs, offrant une vue plongeante sur l’intimité des habitants de deux très chics immeubles voisins.
Ces immeubles, éloignés d’à peine 20 mètres de la Switch House, l’extension pyramidale de la Tate Modern ouverte depuis quelques mois au public, présentent des appartements aux façades vitrées de haut en bas, laissant tout deviner du quotidien de leurs habitants. Au point de lancer une polémique qui alimente régulièrement les colonnes des journaux. « C’est horrible, c’est comme si j’étais exposée à la vue de tous à longueur de journée », se lamente dans le Guardian une locataire de l’ensemble architectural baptisé Neo Bankside, dont le salon fait face à la terrasse de la Tate Modern.
D’autres résidents se plaignent de voir des photos de leur intérieur diffusées sur les réseaux sociaux. Certains demandent que le musée ferme la partie de la terrasse qui permet de lorgner chez eux, selon un employé de la résidence Neo Bankside.
« Fascinant de voir ce qui se passe chez les autres »
Hors de question, vient de rétorquer le directeur de la Tate alors que le lieu est l’une des attractions majeures du nouveau bâtiment. « De toute évidence, leur intimité serait préservée s’ils mettaient des rideaux », ironise Nicholas Serota, soulignant que les propriétaires de ces appartements -dont le prix dépasse les 4 millions de livres (près de 5 millions d’euros)- les avaient achetés en toute connaissance de cause.
L’employé de Neo Bankside a souligné que les logements disposaient de rideaux mais que les habitants ne voulaient pas « vivre dans le noir toute la journée ». La Tate Modern a fait un geste en apposant la consigne « Merci de respecter l’intimité de nos voisins ». Une initiative largement moquée sur les réseaux sociaux.
Valérie, une touriste française de 55 ans croisée sur la fameuse terrasse, ne peut résister à la tentation de jeter un œil insistant. « C’est toujours fascinant de voir ce qui se passe chez les autres sans être vue », avoue-t-elle, admirant ces intérieurs « qui ressemblent à des halls d’exposition de meubles design ». Pour déculpabiliser, elle se dit que le musée ferme à 18h. « Le soir, ils sont tranquilles. »
Le Quotidien/AFP