La Côte d’Azur est le berceau des festivals jazz en France. L’été venu, c’est tout un programme du côté des festivals historiques de Juan-les-Pins ou Nice, mais le jazz investit aussi des scènes plus petites et inattendues.
Sous la pinède Gould, à Juan-les-Pins, le festival Jazz à Juan, créé en 1960, a vu se produire Miles Davis, Ella Fitzgerald ou George Benson. Et propose de nouveau, pour sa 61e édition, du 6 au 19 juillet, un plateau très relevé, avec, entre autres, Dee Dee Bridgewater, Nile Rodgers & Chic ou Brad Mehldau.
«Nous sommes plus que des grands défenseurs des petits festivals, car nous sommes totalement complémentaires», assure Philippe Baute, son directeur. «Les gros festivals doivent aussi se préoccuper des futures scènes et ne pas piocher juste dans les catalogues des stars», ajoute celui qui, au-delà du festival On, fréquenté par 25 000 spectateurs et doté de 2,5 millions d’euros de budget, propose un riche festival Off, intitulé Jammin’Summer Session. Par ailleurs, Philippe Baute organise des rencontres, chaque hiver, «entre programmateurs et artistes en devenir».
Dans l’arrière-pays niçois, se dresse le village perché de Peillon. C’est dans ce nid d’aigle médiéval qu’en 2021, le maire, Jean-Marc Rancurel, féru d’accordéon, et son adjoint, Thierry Marre, guitariste amateur, ont monté avec l’aide du directeur artistique Alban Leloup de toutes pièces le Peillon Jazz Festival.
Pour inaugurer la scène, Richard Galliano, le grand accordéoniste de jazz, qui vit tout près de là. «Avec 300 spectateurs par soir à 29 euros le billet, notre modèle économique est limité, mais il fonctionne, grâce à la billetterie, un tiers de subventions du département et de la région et des partenaires privés», confie Thierry Marre.
«Nous n’avons pas un budget énorme. Notre directeur artistique monte un plateau de qualité avec des artistes qui souvent consentent de gros efforts», ajoute-t-il. Au programme cette année, dans un festival qui a débuté vendredi et qui se clôt aujourd’hui, des affiches dignes des plus grands clubs parisiens, avec notamment China Moses, André Ceccarelli ou Stéphane Belmondo.
Les collectivités à l’aide
Dans une région qui a vu naître en 1948 à Nice le premier festival de jazz européen d’importance internationale, «le jazz est en vogue», assure Philippe Baute, avec de nombreux autres rendez-vous comme Saint-Paul-de-Vence ou Saint Jazz Cap Ferrat, même si les effets de la crise du covid se font encore sentir, avec une baisse sensible du mécénat, selon plusieurs organisateurs.
Mais les collectivités apportent une aide précieuse. La région Provence-Alpes-Côte-d’Azur soutient financièrement quelque 400 festivals et manifestations (pas uniquement consacrés au jazz) pour «plus de 4 millions d’euros».
Le département des Alpes-Maritimes ne soutient, lui, «qu’un seul festival de jazz, celui de Juan-les-Pins, et ses rendez-vous parallèles, dont le Off, à hauteur de 106 000 euros», indique Auguste Verola, vice-président du conseil départemental en charge de la Culture. «Mais nous organisons aussi les Estivales, 450 spectacles gratuits de juin à septembre, où nous proposons du jazz, ainsi que Jazz’art Lympia tout l’été à Nice.»
Pour sa part, la Métropole Nice-Côte d’Azur apporte des aides indirectes à différents festivals. Elle organise également Jazz Off, depuis le 18 juin et jusqu’au 13 août, dans les communes de la métropole, en marge du Nice Jazz Festival, programmé, lui, du 18 au 21 juillet – ses principales têtes d’affiche cette année : Kurt Elling, Herbie Hancock ou Tom Jones. En 2022, 42 500 spectateurs s’y étaient pressés.
«Une pause dans leur tournée»
Affiche moins ronflante mais tout aussi qualitative sur l’île de Porquerolles, dans le Var, où le festival de jazz créé en 2001 par Frank Cassenti, après un exercice 2022 difficile, a réduit cette année la voilure, passant de cinq à quatre soirées. Pour assister aux concerts donnés au pied du fort Sainte-Agathe, les 350 spectateurs par soirée (contre un billet à 45 euros qui n’a pas bougé depuis 2018) doivent prendre le bateau depuis la presqu’île de Giens. Ils rentrent ensuite par la dernière navette.
Grâce au parrainage du saxophoniste américain Archie Shepp et du batteur italien Aldo Romano, Porquerolles est un rendez-vous incontournable pour de nombreux artistes, «comme une pause dans leur tournée», explique Victor Fabre, chargé de communication. Parmi les affiches de cette 22e édition, qui se déroulera du 9 au 12 juillet, la chanteuse brésilienne Monica Passos, le bassiste Reggie Washington ou encore le pianiste Jacky Terrasson.