Accueil | Culture | Sunset Song : des qualités qui ne masquent pas les longueurs

Sunset Song : des qualités qui ne masquent pas les longueurs


Le film est long et terriblement ennuyeux.

Début du XXe siècle. Dans le nord de l’Écosse, la jeune Chrissie est première de sa classe. Bien que de famille modeste, elle rêve de devenir institutrice. Même son père, pourtant un homme rustre et violent voit cela d’un bon œil. Mais quand la mère de famille met fin à ses jours et à ceux de ses deux plus jeunes enfants – sur les six de la famille –, ses rêves s’effondrent. Sans la mère pour tenir fermement la maisonnée, désormais seule à la maison avec son père et son frère aîné, c’est à elle qu’incombent désormais les tâches ménagères.

Cette «introduction» à l’histoire, qui dure tout de même quelque 45 minutes n’est, finalement, que le premier des drames qu’attendent cette jolie fille qui deviendra, par la force des choses, une femme forte, indépendante et incroyablement attachée à sa terre. Peu à peu, son frère va l’abandonner à son sort en partant d’abord pour la grande ville, puis pour l’Amérique du Sud, son père fera une attaque cardiaque et ne trouvera personne, même pas sa fille, pour lui venir en aide, puis, alors qu’elle pense avoir trouvé le bonheur dans les bras d’Ewan, elle voit la Première Guerre mondiale éclater et rapidement la priver de l’homme de sa vie. Plus qu’un drame, on nage en plein mélodrame!

Le film, une coproduction grand-ducale inspirée de la nouvelle de Lewis Grassic Gibbon, est une réussite dans plein de domaines. Déjà Agyness Deyn, qui interprète Chrissie, propose une interprétation sans faille, tout comme ses principaux partenaires de jeu, Peter Mullan et Kevin Guthrie. Les personnages sont forts, quelques revirements de situation assez inattendus, les décors sont magnifiques et le travail sur la lumière n’est pas sans rappeler quelques tableaux de Rembrandt, avec ces lampes à pétrole à la place des bougies du maître. Sans oublier le grand-ducal Gast Waltzing – récemment auréolé d’un Grammy – qui signe une nouvelle bande originale de toute beauté.

Mais toutes ces réussites ne parviennent pas à faire oublier le point négatif de ce Sunset Song. Un seul, oui, mais énorme. Le film est long et terriblement ennuyeux avec des scènes qui traînent inutilement en longueur et ces moments où les personnages entonnent des chants populaires écossais, certes beaux, mais qui alourdissent encore davantage l’ensemble.

Les organisateurs du Lux Film Fest ont sélectionné le film en compétition officielle – une première pour une coproduction grand-ducale – et assuré que c’était uniquement pour les qualités intrinsèques du film. Mais honnêtement, nombreux sont ceux qui ont, malgré tout, du mal à ne pas voir dans cette sélection un peu de favoritisme national.

Pablo Chimienti

Sunset Song de Terence Davies. (Royaume-Uni, Luxembourg).

Iris Productions. Durée : 2 h 15