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« Sully » : Clint Eastwood raconte l’histoire d’un héros tombé du ciel


Chesley Sullenberg et son copilote passeront rapidement de leur cabine de pilotage au tribunal.

Un pilote d’avion héroïque et humain, un amerrissage sur un fleuve, un procès pour non-respect des consignes… C’est Sully, le 37e et nouveau film de Clint Eastwood. À 86 ans, le réalisateur est là. Et toujours là.

Une fois encore, Clint Eastwood qui demeure comme acteur l’inoubliable Inspecteur Harry s’est intéressé, comme réalisateur, à un homme ordinaire confronté à une situation extraordinaire –  et s’est inspiré d’une histoire vraie.

Retour en janvier 2009  : un avion décolle de l’aéroport de New York-LaGuardia. Deux minutes après le décollage, une nuée de bernaches du Canada percute l’Airbus A320 du vol 1549 de l’US Airways et anéantit deux réacteurs. Confronté à une telle situation, le commandant Chesley Sullenberg, 59  ans et surnommé «Sully», doit prendre avec son copilote une décision en un minimum de temps (ça se joue alors en secondes…)

Normalement, il devrait se diriger vers un des aéroports de la ville –  l’avion perd de la vitesse, survole la ville… c’est alors que «Sully» opte pour la solution la plus dangereuse  : amerrir sur le fleuve Hudson. Pour l’opération, il manie expérience et instinct. Il réussit. À bord de l’avion, 150  passagers, cinq membres de l’équipage… On ne comptera pas le nombre d’habitants qui auraient pu périr également, en cas de crash de l’Airbus.

Dans la foulée de ce coup de maître, de génie, –  qui n’est pas sans rappeler celui du film Flight de Robert Zemeckis – «Sully» est salué par le peuple américain et les médias. Son exploit inédit dans l’histoire de l’aviation en fait un héros national et le pilote apparaît au deuxième rang des 100  héros et personnages les plus influents de l’année 2009, juste derrière Michelle Obama. Chesley Sullenberg dira seulement qu’il n’a «fait que son métier».

Mais vite, une commission d’enquête est nommée par la justice, qui menace d’anéantir sa réputation et sa carrière professionnelle. Il y aura procès, la justice lui rappellera qu’il est un employé de la compagnie aérienne, qu’il est assujetti au protocole de navigation, qu’il a refusé d’exécuter les ordres de la tour de contrôle…

Un film de prétoire

C’est justement bien plus cet aspect de l’histoire, que le crash et l’amerrissage, qu’a retenu Clint Eastwood pour son nouveau film. Parce que, là encore, il a la possibilité de faire un focus sur un héros ordinaire, un homme qui s’en tient à l’expérience, à la raison, à l’humain…

Une fois encore, Clint Eastwood réalisateur ne fait pas dans le cinéma d’avant-garde. Eastwood réalisateur, c’est du classique. Ainsi, pour Sully , il retient le procès du pilote et de son copilote pour trame, avec des flash-back sur le crash de l’avion, des séquences de plus en plus détaillées en avançant dans le film. Adapté de Highest Duty , le livre écrit en 2009 par Chesley Sullenberg et Jeffrey Zaslow, Sully manie parfaitement un suspense dont l’issue est pourtant connue dès le début…

Mais, sans jamais forcer sur les effets spéciaux, Eastwood ne manque pas de soigner les séquences où l’avion frôle les gratte-ciel de New York, amerrit ou celles où les rêves catastrophiques du pilote évoquent les images des attentats du 11-Septembre.

Et puis, pour interpréter «Sully», le réalisateur a fait appel à Tom Hanks, 60  ans, 112  films et séries télé au compteur. Les deux hommes, jusqu’alors, n’avaient jamais travaillé ensemble.

Serge Bressan

Sully, de Clint Eastwood (États-Unis, 1h39) avec Tom Hanks, Aaron Eckhart, Laura Linney…