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Suisse : au royaume du Saint-Bernard


D’abord simple musée, Barryland est devenu un grand parc – et le premier au monde – entièrement dédié au chien national suisse, son histoire et ses légendes. Ici, le Saint-Bernard imprime sa patte partout. Visite.

Syrah marche lentement sur un tapis roulant immergé dans un grand bassin d’eau, accompagnée de deux thérapeutes qui l’aident à garder l’équilibre, sous les yeux émerveillés du public. Cette femelle Saint-Bernard, âgée de huit ans, reçoit sa séance habituelle d’hydrothérapie, pendant que les visiteurs du parc thématique Barryland, récemment rouvert à Martigny, dans une vallée alpine suisse, observent chacun de ses mouvements. «Nous avons un bassin d’hydrothérapie. C’est ce que l’on utilise pour les chiens âgés ou ceux opérés», explique Mélanie Glassey-Roth, directrice de Barryland. «Tout ici est conçu pour le bien-être de nos chiens.»

Ce qui au départ était un petit musée sur les Saint-Bernard s’est transformé, après deux ans de travaux, en Barryland, un grand parc entièrement dédié au chien national suisse. Avec son nouveau bâtiment en forme d’empreinte de chien, il propose des expériences interactives et des visites en réalité virtuelle sur l’histoire et les mythes qui entourent le Saint-Bernard. À l’étage, les visiteurs peuvent interagir avec les animaux à quatre pattes. Grâce à cette rénovation, le parc espère accueillir jusqu’à 200 000 visiteurs par an, contre 83 000 auparavant.

Dans les années 1990, les Saint-Bernard – fruit de croisements il y a plusieurs siècles entre chiens des régions alpines – ont atteint un regain de célébrité en figurant dans la comédie à succès hollywoodienne Beethoven (1992). À partir du XVIIe siècle, ils étaient élevés dans un hospice tenu par des religieux, perché à quelque 2 500 mètres d’altitude, pour fournir des chiens de garde et de défense, dans le col du Grand-Saint-Bernard, passage entre la Suisse et l’Italie. Mais très rapidement, ils ont été utilisés pour des opérations de sauvetage.

Tout ici est conçu pour le bien-être de nos chiens

«C’est un chien emblématique qui représente toute la région du col du Grand-Saint-Bernard», affirme Jean-Maurice Tornay, directeur de la Fondation Barry, qui gère le parc. Barryland doit son nom au plus célèbre et au plus héroïque des Saint-Bernard. La légende locale raconte que Barry, qui portait un petit tonneau d’alcool autour de son cou afin de réchauffer les voyageurs fatigués, aurait effectué plus de 40 sauvetages au cours de sa vie. Le monastère a veillé en son honneur à toujours nommer un chien Barry – une tradition qui se perpétue aujourd’hui à Barryland. L’actuel Barry, un imposant mâle de sept ans et demi pesant environ 80 kilos, est le plus grand et le plus primé des chiens.

La Fondation Barry compte 36 Saint-Bernard au total, tous hébergés dans un chenil voisin à Martigny. Mais certains passent l’été au col du Grand-Saint-Bernard. Désormais, chaque matin, 16 chiens du chenil sont acheminés dans une grande camionnette dans le parc, pour y jouer les stars. À Barryland, ces chiens géants aux yeux entourés de noir et au pelage blanc avec de grandes taches de couleur, allant du roux au brun, gambadent dans de grands parcs verdoyants et se laissent toiletter, masser et soigner. Pour sa réouverture cette semaine, le parc a présenté deux nouveaux chiots, Xcell et Xaver, tétant avec enthousiasme leur mère Lio, en la bousculant tendrement.

À l’étage, Tosca, une femelle de huit ans, monte sur une grande balance, sous l’œil attentif d’un des soignants, Sahel Robette. «Soixante-cinq kilos!», s’exclame-t-il, avant de commencer le brossage, à la recherche de tiques dans son pelage, et d’inspecter ses oreilles et ses griffes. De nos jours, ces chiens ne sont plus utilisés comme sauveteurs de montagne, remplacés par les hélicoptères. Mais ils accomplissent désormais un travail héroïque dans d’autres domaines.

Le Saint-Bernard a «trouvé aujourd’hui une nouvelle mission sociale», affirme Jean-Maurice Tornay. Chaque année, les chiens de la fondation effectuent des centaines de visites dans des hôpitaux, des maisons de retraite et des prisons, où ils sont utilisés à des fins thérapeutiques et de réadaptation sociale en apportant «un peu de gentillesse». Le Saint-Bernard est parfait pour ces missions, observe Mélanie Glassey-Roth, pendant qu’un chien pose paisiblement sa tête sur ses genoux : «C’est une force tranquille, il est très calme et très sociable».

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