Les gallois de Stereophonics ont fait du bon boulot à l’Atelier, jeudi soir. Fidèles à l’énergie rock du groupe, avec la fraîcheur de nouveaux titres puissants en prime.
Seul dans la lumière, presque dans un état de transe, sa tête valdingue autant que ses timbales dans un rythme frénétique. Nous en étions à la moitié du concert de Stereophonics et Jamie Morrison avait un peu quitté l’Atelier, emporté dans le tourbillon de son énergie au moment de conclure Mr and Mrs Smith, cinquième morceau dévoilé du nouvel album Keep the village alive (sorti le 11 septembre dernier), sous les yeux captivés du public et de ceux qui occupent habituellement le devant de la scène, à commencer par Kelly Jones, bien sûr, de son imperturbable bassiste Richard Jones et de son guitariste/choriste Adam Zindani, qui ont vécu ce moment le dos tourné à la scène.
L’ancien batteur de Noisettes, qui a rejoint le groupe il y a trois ans suite au départ de Javier Weyler, est un monstre en live et apporte une énergie assez hallucinante au groupe gallois, venu au Luxembourg présenter quelques-uns des titres de son dernier album, le neuvième déjà. On ne pouvait donc pas passer à côté de C’est la vie, un des morceaux les plus rocks de Keep the village alive, le plus frais, le plus mis en avant aussi. Peut-être un peu « facile », comprenez sans grande prise de risque, quand on suit le groupe depuis ses débuts.
Mais après un I Wanna get lost with you, balade maitrisée dans le pur esprit Stereophonics, servie en introduction, et qu’on retiendra comme une autre marque forte de ce nouvel album, Kelly Jones est revenu dans le temps, parfois pour donner un nouveau coup de boost à la scène, comme lorsqu’il est allé nous rechercher Local boy in the photograph et A Thousand trees en fin de concert, morceaux cultes du premier album de 1997 Word gets around.
De quoi rendre nostalgiques tous les trentenaires de l’Atelier qui, à défaut de pouvoir réécouter le rare mais cultissime Not up to you, ont également pu se souvenir de leurs très jeunes années avec Just looking et Bartender and the thief, extraits du deuxième album Performance and cocktails de 1999.
Et puis, d’autres fois, pour faire retomber le rythme en jouant des valeurs sûres comme Maybe tomorrow, acclamé par les connaisseurs, et Mr Writer aussi, deux titres forts du début des années 2000 au moment où Stereophonics et Kelly Jones commençaient à livrer des titres plus mûrs, voire mélancoliques. Un instant de répit, de blues, avec Been caught cheating de l’avant-dernier album Graffiti on the train, le mieux représenté avec Keep the village alive. On se balance doucement. Kelly Jones se met au piano, perpendiculaire à la scène, pour revenir à du plus récent avec White lies, autre balade aux airs de déjà vu mais maitrisée elle-aussi.
Rien de Keep calm and carry on et surtout de Pull the pin, septième et sixième album. Dommage, mais il aurait fallu passer deux heures sur scène et nos tympans n’auraient finalement peut-être pas supporté.
Un au-revoir trop timide pour être définitif. Kelly Jones et les siens reviennent. L’Atelier jubile. L’excellent Dakota, qui fait écho à Superman livré en début de concert, deux titres du même album Language. Sex. Violence. Other ? sorti il y a dix ans, nous donne envie de quitter l’Atelier en décapotable et lunettes noires. Mais il fait nuit et il fait froid.
Raphaël Ferber