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Sonorités arabes à l’Opderschmelz (Interview + Vidéo)


La musicienne et plasticienne Kamilya Jubran débarque à Dudelange vendredi avec son projet WASL, en collaboration avec Sarah Murcia et Werner Hasler.

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Kamilya Jubran (à droite) était déja passée au Luxembourg, en 2008, pour un concert commun avec l’Israélienne Noa à l’abbaye de Neumünster. Elle revient désormais avec ses camarades de WASL, Sarah Murcia et Werner Hasler. (Photos : DR)

WASL est un projet bouleversant et audacieux qui met au goût du jour la musique traditionnelle arabe et montre aussi toute la noblesse de sa langue. Kamilya Jubran a accepté, en pleine tournée, de nous dire quelques mots sur sa carrière étonnante.

> Issue d’une famille d’artistes et d’un père luthier, c’est à l’âge de 4 ans que votre passion pour la musique traditionnelle a commencé. Comment est née cette histoire d’amour qui a guidé tous vos pas depuis ?

Kamilya Jubran : C’est avant tout la passion de mes parents, pour la musique traditionnelle et classique arabe, qui m’a donné l’envie et le goût d’explorer la piste de la création musicale. Tous deux ont toujours eu un grand amour pour la musique classique du Proche-Orient, et plus particulièrement égyptienne. Ils m’ont appris dès mes premiers pas à écouter cette musique, mais aussi à l’interpréter. Ils m’ont ainsi donné des bases extrêmement solides qui constituent toujours ce que je suis aujourd’hui et me servent de repères dans toutes mes créations.

> Pendant plus de 20 ans, vous avez fait partie du groupe Sabreen, groupe palestinien basé à Israël, où sont vos origines et votre famille. En 2002, vous décidez de quitter votre patrie pour rejoindre l’Europe. Qu’est-ce qui vous a poussée vers de nouveaux territoires ?

J’avais besoin d’explorer de nouveaux territoires musicaux ! J’ai travaillé en permanence durant 20 ans avec le groupe Sabreen. Ça a été une véritable école pour moi qui est venue compléter la formation classique que j’avais eue de mes parents. On a construit, avec ce groupe, une véritable identité culturelle et politique, mais après 20 ans, j’ai senti le désir d’approfondir ma propre recherche musicale, une envie irrésistible de voir autre chose, de penser autrement, de sentir un air nouveau. J’ai alors entamé de nouveaux projets, en solo ou en collaboration avec de nombreux musiciens, dont Sarah Murcia et Werner Hasler.

> C’est d’ailleurs avec ces deux derniers que vous avez créé le projet WASL. Comment s’est fait cette rencontre ? Comment est née cette collaboration ?

La contrebassiste et compositrice Sarah Murcia avait collaboré sur un album de Sabreen, en 1998. Lors de notre première rencontre, on sentait toutes les deux que ça n’allait pas s’arrêter là et que nous allions, un jour, de nouveau faire quelque chose ensemble. En 2002, lors de mon arrivée en Europe, elle a travaillé avec moi sur mon tout premier projet. Quant à Werner Hasler, nous avons commencé à collaborer étroitement en 2002, lors de ma résidence à Berne, en Suisse. Depuis, je dirais que nous nous sommes jamais vraiment quittés. Depuis cette rencontre, je pense que nous avons joué près de 150 concerts ensemble. Ils ont également eu l’occasion de jouer tous les deux, sans moi.

Un jour, on a vraiment eu le désir de se retrouver à nouveau, tous les trois, de réaliser un projet ensemble. Le nom WASL signifie d’ailleurs en arabe « la rencontre, le contact, le rendez-vous amoureux, les retrouvailles ». Nous avons démarré ce nouveau projet en 2012. Et depuis, nous le faisons découvrir lors de quelques concerts, avec un projet d’enregistrement au printemps de cette année.

> WASL, ce n’est pas seulement de la musique, mais c’est aussi de la poésie… Vous empruntez notamment quelques mots à Salman Masalha (Israël/Palestine) et Hassan Najmi (Maroc). Pourquoi avez-vous choisi ces collaborations ? Et comment s’est passée la création avec eux ?

Ce sont tout d’abord deux poètes formidables. Par le passé, nous avions déjà collaboré ensemble. Je connais très bien leur travail. Salman Masalha a déjà écrit des textes pour moi auparavant. J’ai une véritable connexion intellectuelle avec ces deux artistes. Lorsque j’ai commencé le projet WASL, c’est donc tout naturellement que je leur ai demandé de prendre part à la création en écrivant des textes pour celui-ci. Il n’y avait pas de sujet défini au préalable, mais nous avons beaucoup travaillé sur le style d’écriture qui est un chevauchement entre la langue arabe classique, écrite et la langue parlée. Le dialecte palestinien de Salman se mêle doucement à celui, marocain, de Hassan, le tout enchevêtré avec l’arabe classique, comme une proposition de connexion entre tout le monde arabe.

De notre collaboratrice Mylène Carrière


Opderschmelz – Dudelange.

Vendredi à 20h.

Dans le cadre du programme : « We love Girls and… Girls ! from everywhere ! »