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Shakespeare en VO pour les 400 ans de sa mort


(photo Johan Persson)

Plusieurs pièces portent haut en ce début d’année le talent du grand Shakespeare, 400 ans après sa mort, comme « Conte d’hiver » mis en scène par le Britannique Declan Donnellan, à voir à Luxembourg du 1er au 4 mars.

Grâce à Declan Donnellan, qu’un long compagnonnage lie au Théâtre des Gémeaux à Sceaux, les Français peuvent goûter les pièces de Shakespeare en VO depuis une dizaine d’années dans des mises en scène limpides, comme dans ce « Conte d’hiver » donné jusqu’au 31 janvier.

La pièce partira ensuite à Madrid, en Italie et… au Grand Théâtre de Luxembourg du 1er au 4 mars (VO avec sous-titres en français). Sur un plateau dépouillé, un gros conteneur de bois sert de décor surprise, devenant tour à tour cercueil ou navire dans la tempête. Les acteurs, très physiques, font éprouver au spectateur jusqu’à la nausée la jalousie du roi de Sicile, « infecté de cette maladie » qui lui fait persécuter son épouse et sacrifier ses enfants.

Dans un retournement magistral, la tonalité s’inverse au deuxième acte en comédie, avec une fête traitée en show télévisé. L’extrême fidélité au texte, le jeu tonique des acteurs font partager le tragique comme la bouffonnerie de Shakespeare au public.

Le Quotidien / AFP

« Kings of war » en flamand

Le Flamand Ivo van Hove tient une place à part sur la scène européenne, avec des méga-productions qui voyagent dans le monde entier. Il prépare pour le festival d’Avignon « Les Damnés » d’après Visconti avec la Comédie-Française. « Kings of War », créé au Tonelgroep Amsterdam qu’il dirige, fait étape au Théâtre national de Chaillot à Paris (jusqu’au 31 janvier) avant le Barbican à Londres.

« J’ai combiné cinq pièces de Shakespeare, Henri V, qu’on connaît peu, Henri VI (trois pièces), que les Français connaissent maintenant grâce à Thomas Jolly (qui l’a monté en 18 heures à Avignon) et Richard III », explique-t-il. Cette captivante réflexion sur l’exercice du pouvoir tient en haleine en dépit de ses 4h30 en néerlandais surtitré. « Chaque roi est confronté à la décision ultime: faire la guerre ou pas. C’est une décision compliquée parce que même en cas de victoire, il y aura de nombreux morts », dit-il.

La pièce s’ouvre dans le décor des « war rooms » où Churchill travaillait pendant la guerre. Le roi et ses conseillers sont en costume, sauf pour le couronnement où surgissent la cape d’hermine et la couronne, conservées dans une petite armoire à pharmacie avec la seringue dont s’arme Richard pour ses crimes. On verra Richard, ivre de pouvoir, téléphoner à « Barack, Angela et Poutine » sur des téléphones rouge, blanc et vert. Tout autour de la scène, de longs couloirs d’un blanc clinique sont le théâtre des complots et assassinats, filmés en direct et projetés sur un grand écran.

AFP