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[Série] Les Barbapapa, 55 ans de succès


Créés en 1970, les Barbapapa, ces personnages multicolores, écolos et changeant de forme à volonté, prouvent à travers une nouvelle série et une tendance TikTok qu’ils sont toujours à la mode.

Nés dans une brasserie parisienne, les Barbapapa continuent de traverser les générations et les frontières, forts du nouveau souffle apporté par les enfants de leurs discrets créateurs.

«Il y avait déjà tout dans les livres d’origine», assure Alice Taylor, fille du couple franco-américain Annette Tison (1942-2010) et Talus Taylor (1933-2015).

Avec 8 millions d’exemplaires vendus en France depuis 1970, les aventures de Barbapapa, Barbamama et leurs sept barbabébés, traduites dans plus de 30 langues (pour près de 80 titres), s’écoulent à un million d’exemplaires chaque année dans le monde, selon Les Livres du Dragon d’Or, leur éditeur depuis 2003.

Adaptées à l’écran dès 1974 sur l’ORTF, accompagnées d’un générique culte, elles se déclinent depuis 2019 dans une nouvelle série, Barbapapa en famille, qui compte parmi les cinq dessins animés les plus populaires de TF1 et que les déclinaisons de la chaîne américaine Nickelodeon diffusent dans une centaine de pays.

Les héros en forme de poire et de quille ont même suscité plus de 15 millions de publications en ligne en 2025, aidés par une tendance TikTok, la «barbatrend», consistant à rajouter «barba» devant des mots.

Dans la nouvelle série, plus de «hup hup hup barbatruc» avant une transformation, ni la voix du chanteur Ricet Barrier, mais toujours les valeurs d’entraide de cette famille précurseure en matière d’écologie, avec des histoires traitant du rapport aux écrans comme des dangers des algues vertes.

Déjà, dans l’album L’Arche, paru en 1974 à L’École des Loisirs, les Barbapapa sauvent des animaux malades de la pollution ou traqués par des humains, fuyant sur une autre planète. «On a l’impression qu’ils parlent d’aujourd’hui, c’est fou», dit Alice Taylor, qui écrit et réalise avec son frère Thomas les nouveaux épisodes produits par le studio français Normaal.

Esquisses sur serviette

Difficile de retracer le parcours des créateurs, avares en interviews. «Ils estimaient, et je ne suis pas loin de partager leur avis, que c’est leur travail qui parle pour eux», justifie Alice Taylor.

À l’origine prof de mathématiques, Talus Taylor a «beaucoup voyagé» et «fait plein de trucs» avant l’aventure Barbapapa, née de sa rencontre avec Annette Tison, architecte de formation au parcours «plus linéaire».

Le couple se trouve au Zeyer, une brasserie parisienne, avec d’autres étudiants quand naissent les premières esquisses de cette «espèce d’animal qui change de forme».

«Cela se passe autour de 1968 parce que mon père trouvait ça marrant d’aller faire le zozo à regarder les étudiants sur les barricades.» «Lui n’arrivait pas à suivre parce que son français n’était pas bon et il dessinait des âneries sur la serviette», ajoute la quinquagénaire.

Le nom du personnage leur vient d’une balade quand les enfants ont réclamé des barbes à papa et fait découvrir ce mot à Talus Taylor.

S’ensuit un premier album, traduit en «anglais, hollandais, japonais, et après le tour du monde». La première série animée connaît deux saisons, en 1974 et 1977, avant une nouvelle déclinaison en 1999 au Japon. Depuis le début des années 2000, TF1 gère la marque pour les produits dérivés.

«Faire du rangement»

Alice et Thomas Taylor, qui ont tous deux fait des études d’architecture, signent leurs premiers livres Barbapapa en 2015, avant de s’atteler au nouveau dessin animé, auquel certains scripts écrits par leur mère ont servi de base.

Thomas Taylor, qui vit à l’étranger, s’occupe davantage des scénarios, et Alice plus du «côté graphique» : proportions des personnages, décors, transformations «extrêmement rigolotes à faire»…

Un héritage que cette diplômée de la section animation de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs, invitée à «faire du rangement» dans l’entreprise familiale au tournant du XXIe siècle, n’envisageait pas forcément.

«La société a été créée par ma mère pour la gestion des droits dérivés, et au bout d’un moment, elle m’a dit : « Je vous laisse les clés, salut »», relate-t-elle, en riant.

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