Souvent qualifiée de meilleure série Star Wars, Andor revient ce mardi pour une ultime saison «complexe et intense», nourrie de livres d’histoire sur la guerre et les révolutions.
Lancée sur Disney+ en 2022, la superproduction Andor a coûté plus de 645 millions de dollars pour ses deux saisons, d’après le magazine américain Forbes. Elle retrace les prémices de la rébellion contre l’Empire galactique, sur les cinq ans conduisant au film Rogue One : A Star Wars Story (Gareth Edwards, 2016), à travers le parcours d’un de ses protagonistes, Cassian Andor, joué par Diego Luna.
Dans le long métrage, où un commando rebelle se lance dans une mission suicide pour voler les plans de l’Étoile noire, arme de destruction massive, «on a des personnages qui sacrifient tout pour une cause», rappelle l’acteur mexicano-britannique. La série dérivée montre «comment quelqu’un en arrive là», résume-t-il. Loin de se concentrer sur son héros, Andor explore les motivations et les côtés obscurs des deux camps, suivant aussi bien l’architecte de la rébellion naissante, campé par Stellan Skarsgård, que les sbires de l’empire fascisant.
Initialement prévue pour cinq saisons, la série a été recalibrée pendant le tournage de la première, selon son créateur, Tony Gilroy, auteur au cinéma de l’adaptation des romans mettant en scène l’espion Jason Bourne et du scénario de Rogue One. À la signature du projet, «je n’avais pas idée du volume de travail nécessaire (…) c’était physiquement infaisable», a relaté le showrunner américain. Résultat, la deuxième fournée de douze épisodes, diffusés sur Disney+ à raison de trois par semaine dès demain, couvre une période de quatre ans jusqu’à Rogue One. Et s’avère «beaucoup plus intense, plus complexe» que la première, assure Diego Luna.
L’impact de la révolution
Disney, qui a multiplié, avec plus ou moins de réussite, les films et séries Star Wars depuis le rachat de Lucasfilm en 2012, mise gros sur la saga pour attirer des abonnés sur sa plateforme. Son plus gros succès intergalactique sur le petit écran, The Mandalorian, aura droit à une déclinaison en salle en mai 2026. Mais pour nombre de critiques, Andor, plus sombre, plus politique et plus réaliste, sort du lot – des qualités déjà reconnues à Rogue One, premier film «spin-off» de l’univers créé par George Lucas.
Pour dépeindre la naissance d’une révolution et son impact sur des «gens ordinaires», Tony Gilroy, «autodidacte» revendiqué, a puisé son inspiration dans les livres d’histoire. «J’ai grandi avec une grande bibliothèque et dès qu’un sujet m’intéressait, je m’instruisais», relate le fils du scénariste et dramaturge réputé Frank D. Gilroy. «Cela fait 40 ans que je lis des livres d’histoire et de guerre, sur les rébellions et les révolutions», russe, française, anglaise, haïtienne, roumaine ou encore mexicaine.
Une planète française
La deuxième saison se penche plus particulièrement sur le thème de la propagande, à travers le sort tragique du peuple d’une planète nommée Ghorman, pour laquelle il a fallu «imaginer une civilisation entière», avec son économie, sa langue, sa culture, sa garde-robe et son esthétique. Plusieurs comédiens français, dont Thierry Godard (Engrenages, Un village français), ont été sollicités pour former cette nouvelle «communauté» dans une langue inventée. «J’étais un grand fan d’Un village français», la série culte de France 3 sur la vie d’une sous-préfecture imaginaire du Jura sous l’occupation allemande, a justifié Tony Gilroy. «J’avais certains acteurs en tête. Nous nous demandions comment incarner cette culture de Ghorman, et à un moment j’ai dit : « Et si nous n’avions que des acteurs français? »»
Plus généralement, la série résonne fortement avec les désordres du monde actuel, que Tony Gilroy ne «pouvait pas» anticiper en démarrant l’écriture. «La triste vérité, c’est que l’histoire (…) se répète encore et encore», fait-il valoir. «De manière narcissique, nous avons souvent l’impression de vivre des temps uniques.» Or «la technologie change, le vocabulaire change, mais la dynamique de l’oppression et de la résistance» est «intemporelle».