L’auteur-compositeur-interprète français Sanseverino sera vendredi (20h) au CAPe d’Ettelbruck, pour une première date grand-ducale dans le cadre de sa tournée «Montreuil/Memphis».
Si on doit lui mettre une étiquette à votre dernier album, on est dans le blues, avec un harmonica très présent, mais vous n’essayez pas de faire « à l’américaine », vous gardez votre côté humoristique et décalé, français. C’est de là que vient ce titre, Montreuil/Memphis ?
Sanseverino : Oui, mais de toute façon, je me suis aperçu qu’en chantant en français, je ne pouvais pas essayer d’imiter un enregistrement américain. Mais en fait, je m’en fous parce que, moi, ce que j’aime dans l’Amérique, c’est l’aspect créatif qu’ils ont, toutes ces musiques dans lesquelles ils excellent, dont le blues, bien sûr, qui est né là-bas. Je me suis inspiré des différents blues que je connais et je trouvais que ce titre allait très bien parce que l’album a été écrit en France, a été enregistré en France, mais avec ce style de là-bas. On aurait pu aller l’enregistrer aux États-Unis, j’y ai même pensé un moment, mais après j’ai trouvé ça stupide parce que finalement on peut faire la même chose ici.
Vous êtes un autodidacte de la musique. Pensez-vous que votre liberté de passer d’un style à un autre, du swing de vos débuts à ce blues décalé, en passant par le big band, le jazz manouche… vient de là ?
Oui. Si je ne me sentais pas libre, je ne ferais pas ça. Mon boulot n’est pas d’essayer de comprendre ce que le public voudrait, de prévoir ce qui va se passer… Mon boulot, c’est essayer de prendre du plaisir pour que ce plaisir soit communicatif.
Chacune de vos chansons est un petit récit, un conte du quotidien, un court métrage musical avec des personnages, un début, une fin et avec autant de profondeur que d’humour, voire d’autodérision. Comment écrivez-vous ces textes ? Ils viennent à vous ? Vous allez les chercher ?
Je vais les chercher en écoutant longuement la musique… En fait non, je ne choisis pas. Les musiques arrivent les unes après les autres et quand j’ai la structure musicale d’une chanson, je me demande quel texte pourrait bien coller dessus. J’essaye des trucs en yaourt, en scat, pour chercher des mélodies sans vraiment prononcer de mots. C’est comme ça que je trouve des thèmes. Ça finit donc par venir naturellement en travaillant sur le texte, en remplissant des pages. Parfois ça vient tout de suite, d’autres fois ça prend plusieurs jours. Je bosse pas mal en fait ! Il y a une chanson, par exemple, qui parle d’un astronaute parce que, je ne sais pas pourquoi, cette musique me fait penser à cette époque où on envoyait des gens dans l’espace. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi il fallait conquérir la lune, mais j’ai trouvé ça merveilleux et ça m’a inspiré ce truc-là.
Qui sont les personnages de vos chansons ? Vos alter ego ?
Non, ce sont des gens que j’invente. Quand on raconte une histoire, on a besoin de personnages, même pour une histoire toute simple destinée à un enfant, la première chose qu’on fait, c’est décider d’un personnage.
Dans le dernier album, on retrouve d’ailleurs André…
En fait, André essaye de revenir à chaque album, mais il y a des fois où il y arrive et d’autres où il n’y arrive pas. Je me rappelle avoir fait des chansons d’André et de ne pas les avoir gardées parce qu’elles n’étaient pas bien. Là il a réussi. Il est en pleine forme, mais c’est la femme qu’il rencontre qui va avoir besoin d’un coup de main.
Qu’est-ce qu’il a de spécial cet André pour qu’il revienne, contrairement aux autres ?
Je ne sais pas. C’est seulement un personnage qui a bien marché. J’avais écrit une chanson qui n’avait pas de personnage, je me demandais alors quoi en faire et un jour André est réapparu et il collait parfaitement là-dedans. C’est un nom très années 40-50 qui sonne bien dans une chanson.
Vous serez à Ettelbruck jeudi. Ce sera votre première date au Luxembourg. À part celle de paradis fiscal, quelle image avez-vous du Grand-Duché ?
Je connais le Luxembourg pour y être allé il y a une dizaine d’années. Je suis passé à Luxembourg, je me rappelle de la vallée au milieu de la ville. J’ai gardé l’image d’une ville sympa parce que j’y étais bien. Par contre, je me rappelle être tombé en panne de voiture, mais bon, je n’en veux à personne pour ça !
Vous venez dans le cadre d’une tournée en petit comité où vous ne serez que quatre sur scène. Ce sera donc assez intimiste…
Oui, assez. Intimiste, mais avec plein d’énergie !
Alors comment ça se passe sur scène ?
Il y a la batterie, l’orgue, l’harmonica et moi. Et on revisite les chansons de l’album. Comme c’est pas mal branché blues, il y a pas mal de moments instrumentaux. C’est la tournée la plus électrique de toutes celles que j’ai faites, il n’y aura d’ailleurs quasiment pas de guitare acoustique. Après, comme d’habitude avec moi, rien n’est jamais archi-réglé !
Entretien avec Pablo Chimienti