« Regardez la gueule qu’il a celui-là. Si ça, ce n’est pas un taureau racé ! » Lui, c’est Jake, un jeune Charolais naturellement sans corne. Dimanche, il s’est vendu 3 200 euros aux enchères du Sima-Simagena.
Au milieu des tracteurs rutilants, le salon accueille également le gratin de la génétique bovine. (Photos : AFP)
Le Sima-Simagena est le salon des machines agricoles qui se tient à Villepinte (nord de Paris) jusqu’à jeudi, en parallèle du salon de l’Agriculture. Au milieu des tracteurs rutilants, le salon accueille également le gratin de la génétique bovine.
Des Prim Holstein de compétition, des Limousine soigneusement sélectionnées, des Aquitaine et des Charolaise naturellement sans cornes. Un avantage certain pour l’éleveur. Premièrement, il évite la tâche désagréable de l’écornage des veaux à la naissance.
Mais surtout, il peut manier les animaux plus facilement, éviter d’être blessé et que les animaux ne se blessent entre eux. « Le sans-cornes est intéressant pour les jeunes générations d’éleveurs, surtout en Charolais car les troupeaux n’arrêtent pas de grossir », explique Laurent Mandron, éleveur sélectionneur dans l’Yonne. C’est lui le propriétaire de Jake. Avant la vente, il le bichonne : avec peigne et brosse il écrase les poils sur l’arrête dorsale. « Sur les cuisses, on monte les poils (effet bouclette) pour montrer le volume, la largeur de la culotte ». Là où il y a la viande quoi.
Sur le ring, la vente commence. Jean-Luc Kress au micro. « On va démarrer par Heidi, regardez sa ligne de dos remarquable, elle a de très jolis quartiers arrière, elle se déplace très bien ». Très bon pedigree également : « on a des facilités de naissance, de vêlage, on démarre la vente à 2 800 euros ». Les acheteurs potentiels sont installés sur le ring ou dans les gradins pleins, au milieu des curieux. Heidi, elle, est très stressée et tourne en rond.
Un grand blond lève la main. 2 900. Un autre surenchérit. Finalement elle partira pour 4 100 euros, « adjugée au Monsieur avec la chevelure blonde ». Un Norvégien. Dans la salle, il y a beaucoup d’étrangers. Des Irlandais, des Allemands, des Italiens, des Tchèques.
> Embryons de « top niveau »
Arrive Jefferson, « le petit-fils de Cabar, une épaisseur d’aloyau exceptionnel ». Sur le ring, une dame coiffée d’un chapeau de fourrure, très élégante, lève la main. Adjugé à 3 000 euros, sans surenchère. « Je cherche des reproducteurs sans cornes » pour développer son troupeau de sans-cornes. « Pour un animal de concours, il était à un prix attractif », commente Marie-Hélène Deuilleule, éleveuse en Saône-et-Loire.
La vente continue mais… aucun animal n’arrive sur scène. « Voici un lot de deux embryons (conservés dans de l’azote liquide). C’est difficile de les présenter. On a notamment une fille d’Hippolyte (NDLR : vache) et d’Hector », « un accouplement pour faire naître des homozygotes de top niveau ! », dit la brochure.
Avec un reproducteur homozygote, c’est-à-dire une souche pure, l’éleveur est certain que la descendance sera sans cornes; contrairement à un hétérozygote. Mis en vente à 500 euros. Un Tchèque l’arrache à 700. « J’ai bien aimé la combinaison père-mère », rapporte Jan Zuzanek. Éleveur de montagne au nord de Prague, il a 750 têtes, un troupeau géant vu de France où « la ferme de 1 000 vaches » fait beaucoup de bruit. Une taille plutôt petite pour l’Europe de l’Est.
Au bout d’une heure et douze enchères plus tard, la vente se termine. Deux génisses n’ont pas trouvé preneur. Mais « c’était une vente correcte », commente Jean-Luc Kress. « Il y avait beaucoup de clients étrangers, venus pour ces animaux de la coopérative Gènes diffusions, le leader de la génomique ».
Un savoir-faire français d’autant plus reconnu que la race est française. La Charolaise est la première race à viande de France et d’Europe, « avec plus de 50% de l’effectif total de vaches à viande en France et 25% en Europe », selon son site internet. Et puis c’est bien d’acheter des lignées à l’étranger, ça permet de mettre du sang neuf et d’éviter la consanguinité.
Rendez-vous maintenant ce lundi pour une vente de Blonde d’Aquitaine, mardi pour des Prim Holstein ou mercredi pour des Limousine et Charolaise.
AFP
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