La dernière campagne publicitaire de la maison Saint Laurent, accusée de véhiculer des «images dégradantes» de la femme, sera examinée vendredi par l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), qui a estimé lundi que ces affiches constituaient un «manquement incontestable».
Deux visuels de la nouvelle campagne Saint Laurent, visibles à Paris, font polémique. Sur l’une, une femme apparaît jambes écartées, en talons et collants résilles. Sur l’autre, une jeune femme très amaigrie, sur talons aiguilles et patins à roulettes, est penchée sur un tabouret dans une position jugée explicite. Le Jury de déontologie publicitaire de l’ARPP, saisi, statuera vendredi sur cette campagne, a indiqué Stéphane Martin, directeur général de l’autorité chargée de réguler la publicité. «On verra ce qu’il se dira, mais je pense qu’on est dans un manquement incontestable», a-t-il ajouté.
L’autorité a reçu via son site «une cinquantaine de plaintes pour de multiples motifs»: «images dégradantes», «femmes-objets», «valorisation de l’anorexie» et «même incitation au viol, avec la notion des jambes écartées», a-t-il énuméré. «Infériorisation de la femme, (…) femme offerte… voilà la variété des images auxquelles ce type de campagne renvoie les jeunes publics, qui sont plus fragiles», a estimé Stéphane Martin. «Je ne suis pas sûr que toutes les femmes client(e)s aient envie d’être associées à ces images-là». La maison Saint Laurent, contactée, n’a pas commenté.
A quelques jours du 8 mars, Journée internationale des droit des femmes, la campagne a été épinglée sur Twitter à travers le hashtag «YSL Retire Ta Pub Dégradante». Pour Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le Féminisme, «cette publicité coche toutes les cases d’une pub sexiste: hyper sexualisation, femme réduite à un objet, position de soumission… C’est symboliquement très violent». L’association a aussi reçu de nombreuses plaintes et alertes contre la marque, dont le directeur artistique est depuis 2016 le jeune créateur belge Anthony Vaccarello.
«Comment est-ce qu’on peut croire aujourd’hui qu’on va encore réussir à vendre avec ça? C’est à se demander si ce n’est pas intentionnel, dans l’idée de créer un +bad buzz+ pour qu’on parle d’eux», souligne Mme Rémy-Leleu, inquiète d’une tendance à «la pornification de la femme» dans la publicité. En 2015, une publicité Saint Laurent avait été interdite au Royaume-Uni: l’autorité de régulation de la publicité avait jugé que le mannequin qui y apparaissait était «maladivement maigre».
Le Quotidien/AFP