Avec Rogue One : A Star Wars Story, Gareth Edwards signe un film très bien marketé. L’univers Star Wars est présent, mais pas la tension dramatique ni l’imagination.
Au cinéma, on appelle ça un spin-off. Définition: «une série dérivée se focalisant sur un ou plusieurs personnages d’une précédente œuvre, ou ayant pour cadre un univers de fiction similaire sans pour autant avoir de personnage en commun avec elle». Oui, c’est donc bien un spin-off que les studios Disney lancent en sortie mondiale cette semaine avec Rogue One : A Star Wars Story.
Le titre de ce film réalisé par l’Anglais Gareth Edwards est on ne peut plus explicite. On sait d’entrée dans quel univers on est convié. Résumé de ce film qui s’inscrit dans la saga intergalactique lancée en 1977 : c’est tout simple, c’est le combat des rebelles pour voler les plans de l’Étoile de la mort.
L’an passé, avec Star Wars 7 – The Force Awakens , on a eu droit au premier volet de la troisième trilogie (deux autres épisodes annoncés pour 2017 et 2019). Et comme si cela ne suffisait pas, Disney sort désormais des films dérivés : ainsi Rogue One : A Star Wars Story , puis un autre en 2018… Commentaire de la production : « D’autres films devraient continuer au-delà de la saga et faire prospérer la franchise bien au-delà dans le futur », et George Lucas, le créateur de la série, d’ajouter : « J’ai toujours cru que Star Wars me survivrait. »
Voilà donc ce qu’est devenue cette saga intergalactique : une formidable machine à engranger les dollars. En même temps, comment pourrait-il en être autrement quand on sait qu’en octobre 2012, la Walt Disney Company a donné quatre milliards de dollars (environ 3,2 milliards d’euros) à George Lucas pour en acquérir les droits?
Avec seulement deux longs métrages (dont Godzilla ) sur son CV, le réalisateur anglais Gareth Edwards glisse que Rogue One : A Star Wars Story , dans le temps, se déroule entre les épisodes 3 et 4 de la saga. Et d’ajouter : « Un Star Wars n’est pas un film d’auteur qu’on fait juste pour soi, c’est un sport d’équipe. Si on fait bien son travail, c’est un film qui plaît au monde entier. »
Plus de réalisme, moins de force
Plaire au monde entier, voilà donc le défi numéro 1, l’enjeu ultime… Et si l’on en croit un cabinet parisien dont la spécialité est d’évaluer les chances de succès d’une nouveauté pour le compte de grandes marques, Rogue One : A Star Wars Story a 74 % de chances de plaire, un bon score, toutes tranches d’âge confondues. Si certains s’avouent lassés par Star Wars ou déplorent le côté «copié et dérivé», d’autres plébiscitent le personnage féminin central.
Et, sans surprise, les fans de la saga sont à 85 % enthousiastes. Enthousiastes avec ces individus ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie. Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils vont devoir dérober les plans de l’Étoile de la mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire. Enthousiastes aussi parce que Gareth Edwards a opté pour plus de réalisme et de batailles, moins de magie et de force; parce qu’un nouveau droïde, le C2-B5, fait sa première apparition et que, peint en noir, il rappelle le R2-D2… et parce que Darth Vader est de retour!
On dira encore que ce saut dans l’hyperespace qu’est Rogue One : A Star Wars Story , c’est un budget de 200 millions de dollars (environ 160 millions d’euros) pour une «standalone story» – en VF : une histoire qui tient toute seule. Et on retiendra, dans ce programme «marketé» donc sans tension dramatique ni imagination, surtout la présence de Felicity Jones vue récemment dans Inferno de Ron Howard et qui, devant la caméra de Gareth Edwards, brille dans les costumes de Jyn Erso, l’héroïne de cette histoire d’étoile et de guerres…
Serge Bressan
Rogue One : A Star Wars Story, de Gareth Edwards (II) (États-Unis, 2h14) avec Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn…