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« Rocky Horror Show » superstar à la Rockhal (Diaporama)


La comédie musicale de Richard O’Brien n’a pas fait salle comble, mais elle a bien rempli la Rockhal, à Esch-Belval, tout le week-end dernier.

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Rob Fowler interprète à merveille le docteur Frank-N-Furter, ce travesti bisexuel venu de la planète Transexual, de la galaxie Transylvania, dont le but ultime est de créer un homme. (Photos : Fabrizio Pizzolante)

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The Rocky Horror Show est vraiment une comédie à part. Un « spectacle culte », rappelait Serge Tonnar, la semaine dernière, et cela aussi bien dans sa version scénique que dans sa version cinématographique, simplement renommée The Rocky Horror Picture Show. « Culte » est le terme juste pour parler du spectacle créé en 1973 à Londres, par Richard O’Brien.

Un aspect que le spectateur un minimum averti pouvait remarquer tout le week-end dernier dès les abords de la Rockhal. Tiens, une soubrette dans le parking du Belval Plaza ! « Oh ! », voilà de jeunes hommes portant des boas autour du cou ! « Waouh ! »… Tout une bande d’hurluberlus habillés de manière improbable et jouant, tels des enfants, avec du riz, des confettis ou encore des pistolets à eau. « Ah ! », voilà un groupe d’étranges infirmiers qui les rejoint !

Car oui – malgré la réputation plutôt négative qui colle au public luxembourgeois – de nombreux spectateurs présents à la Rockhal ont respecté la tradition du show qui veut qu’on y vienne habillé comme l’un des personnages sur scène et qu’on y apporte un certain nombre d’accessoires. Car au Rocky Horror Show, plus que n’importe où ailleurs, le public fait partie intégrante du spectacle.

Et samedi soir, à la Rockhal, le spectacle a été véritablement grandiose. Aussi bien sur scène que dans la salle. Et ceux qui craignaient de ne pas retrouver en direct ce qu’ils ont tant aimé à l’écran ont vite été rassurés. D’abord, parce que très intelligemment le metteur en scène, Sam Buntrock, utilise beaucoup la vidéo dans le spectacle. Et puis, surtout, parce qu’on en a clairement pour son argent.

Dès Science Fiction/Double Feature, la chanson qui sert d’introduction, on se rend compte de la qualité des comédiens. Tant au niveau du chant, de la danse que de l’interprétation. La production ne souffre, vraiment d’aucun point faible. Et, à tout seigneur tout honneur, Rob Fowler est magistral en docteur Frank-N-Furter. Au point d’arriver à toucher des notes impossibles, de les tenir parfaitement pendant un long moment et une seconde après replonger dans la dérision la plus totale d’un petit geste du bassin. Une prestation saluée à juste titre par le public tout au long des deux heures de la représentation.

> Une grande réussite du début à la fin

Mais avant même son arrivée sur scène en bustier, bas résille et talons hauts pour Sweet Transvestite, le public avait déjà fait connaissance avec Brad et Janet lors d’un mariage, d’où les confettis et le riz jetés aux quatre coins de la salle, puis les avait accompagnés sous la pluie, d’où l’intérêt des pistolets à eau pour plonger tout le public dans l’ambiance, jusqu’à cet étrange château habité par Riff Raff et Magenta. Les spectateurs avaient même déjà dansé le Time Warp avec les tourtereaux. Le seul regret de la soirée – en plus de l’absence d’écrans géants qui auraient permis aux spectateurs installés au fond d’apprécier au mieux les mimiques des comédiens – réside dans le fait de ne pas avoir eu assez de place entre les files de chaises pour bien « sauter vers la gauche, puis faire un pas vers la droite », comme le demande la chanson. Certes dommage, mais pas bien grave non plus.

Régulièrement, entre toutes ces scènes, ces chansons et ces danses, apparaît le narrateur, interprété lors de ces trois dates grand-ducales par Serge Tonnar. Un Serge Tonnar qui s’est fait copieusement huer à chacune de ses apparitions et auquel le public criait, au choix « boring » en anglais ou « langweileg » en luxembourgeois (ennuyeux en VF). Des réactions qui semblent avoir étonné quelques non-spécialistes, mais qui font, elles aussi, partie de la tradition du spectacle. Rien à voir à voir avec le fait que le chanteur luxembourgeois s’exprimait dans la langue de Dicks au milieu d’un show en anglais. Non, vraiment, du début à la fin ce show est une réussite. Kitsch à souhait. Délicieusement « série B ». Gentiment politiquement incorrect, entre sexualité explicite, trahisons diverses, guerres d’ego. Et incroyablement drôle ! Tout cela, tout en proposant une musique rock de qualité et des interprétations de grand niveau.

Samedi soir, le public semblait unanime, vu les applaudissements nourris en fin de spectacle. « Pour moi, rien ne vaut la version originale de The Rocky Horror Picture Show avec Tim Curry et Susan Sarandon. Mais j’ai beaucoup aimé ce Rocky Horror Show avec son ambiance unique et totalement décalée. Tout est kitsch à un point tel que c’en est génial », lance Céline, venue avec trois copines avec tout ce qu’il faut d’accessoires pour le show. « C’était encore mieux que ce à quoi je m’attendais », précise Anne, venue avec un petit chapeau pailleté comme celui du personnage de Columbia. « On a adoré, lancent Françoise et Pol. Là, on va rentrer et se remettre le film », concluent-ils. C’est vrai, après ce voyage musical, on n’a pas franchement envie de revenir tout de suite à la réalité.

De notre journaliste Pablo Chimienti