Trente ans après Retour vers le futur, The Walk, de Robert Zemeckis, rappelle à quelle point ce réalisateur est un des plus sous-côtés de la planète Hollywood.
Quand Robert Zemeckis a vu l’Oscar 2009 du meilleur documentaire, Le Funambule, il a tout de suite compris que l’histoire de Philippe Petit, funambule français qui s’est fait connaître pour avoir traverser sur une corde l’espace entre les deux tours du World Trade Center, le 7 août 1974, était un sujet en or pour une fiction.
Alors que Marty McFly doit revenir du futur le 21 octobre, les distributeurs français de The Walk ont choisi de patienter une semaine de plus pour le sortir sur le grand écran. Petit clin d’œil à Robert Zemeckis, l’homme derrière la trilogie Retour vers le Futur mais aussi Forrest Gump, Roger Rabbit ou encore Seul au Monde. Un artisan de Hollywood qui n’a de cesse de se réinventer son art, film après film, et surtout de prendre des risques.
Après l’incroyable scène de crash du très bon Flight, en 2012, Bob revient avec cette histoire simple, celle d’un fou génial convaincu de son destin. Joseph Gordon-Levitt offre une interprétation décalée de Philippe Petit, accent français tendance russe et coupe de cheveux millimétrée. La délicieuse Charlotte Le Bon apporte l’étincelle féminine nécessaire à un film qui fait la part belle aux mâles.
Le funambule de Hollywood
Reste l’histoire, un peu simple, qui détaille la biographie de Philippe Petit. Une biographie fantasmée par le héros. Les yeux dans les yeux, il regarde le spectateur pour lui conter ses exploits. Le procédé étonne, rappelle le cirque qui sert de toile de fonds au fou funambule. Cela démarre lentement, trop lentement, et on en vient à se demander où Zemeckis veut en venir.
Mais Bob sait ce qu’il fait: il a choisi la 3D pour une seule raison, la traversée entre les deux tours. Après une heure et quart de genre, entre film de gangsters et comédie de pieds nickelés, le moment de bravoure arrive, la traversée. Dans une impeccable 3D, le souffle court, le spectateur assiste alors à un de ces moments mémorables comme seul le cinéma peut les offrir. Pendant trente minute, la scène imprime la rétine avec fascination. Rarement, la 3D enrichit les films. Mais sur ce coup, Zemeckis réussit son pari.
Comme d’habitude habile technicien, il réussit le pari du spectaculaire, à défaut d’assurer une narration parfaite. Mais Zemeckis est ainsi. Il aime faire le spectacle, funambule de Hollywood qui cherche le meilleur emballage pour surprendre ses spectateurs.
Christophe Chohin