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Robert Frank : son Amérique, ce triste poème


Le photographe est mort ce mardi. Sa série "The Americans" aura marqué l'histoire de la photographie (Photo : AFP).

Le photographe américain d’origine suisse Robert Frank, monument de la photographie, est mort lundi à 94 ans, au Canada, a annoncé mardi le New York Times, citant son galeriste new-yorkais Peter MacGill.

Robert Frank était devenu célèbre avec son album « Les Américains », sorti en France en 1958 et aux Etats-Unis en 1959, un livre de clichés noir et blanc tiré de ses voyages à travers les Etats-Unis, véritable manifeste contre la tradition qui devait profondément influencer les générations suivantes. Contactée, la galerie Pace/MacGill de Manhattan, qui représente le photographe, n’a pas immédiatement confirmé le décès, survenu à Inverness, en Nouvelle-Ecosse, selon le quotidien new-yorkais.

De nombreux photographes ont immédiatement rendu hommage à celui qui avait souvent profondément influencé leur regard. « Repose en paix, génie américain », écrivait ainsi Jerry Saltz, critique du magazine New York et lauréat du prix Pulitzer de la critique. « Il a publié ‘Les Américains’ en 1958. Changé le monde ».

Dans la lignée de la Beat Generation

Beaucoup rappelaient une phrase de l’écrivain Jack Kerouac, qui avait préfacé « Les Américains ». « Avec son petit appareil photo, qu’il élève et manipule d’une seule main, il a tiré de l’Amérique un triste poème, prenant sa place parmi les poètes tragiques de ce monde », avait écrit l’auteur de « Sur la route » avant d’ajouter: « A Robert Frank j’envoie ce message: vous avez des yeux ». « Les Américains » s’inscrivait dans la lignée de la Beat Generation, mouvement littéraire et artistique, où suivre l’instinct l’emporte sur les fondements des techniques du photojournalisme, où les photos sont comme happées et non plus cadrées. L’ouvrage avait été fraîchement accueilli, considéré comme déprimant et subversif, révélant la face sombre de l' »American dream » : pauvreté, ségrégation, inégalités et solitude.

AFP