Annoncée par une explosion de percussions qui donnent le frisson, l’école de samba « Viradouro » et ses milliers de danseurs, chars majestueux et multicolores, a donné dimanche soir le coup d’envoi aux défilés du carnaval sur le sambodrome de Rio et… sous une pluie battante.
Comme tous les ans, un carnaval haut en couleurs ! (Photo : AFP)
Ce moment est attendu toute l’année par les Cariocas et surtout ceux des favelas, berceaux de nombreuses écoles de samba, qui se disputent dans les nuits de dimanche et lundi le titre convoité de « championne » du carnaval, devant les 72 500 spectateurs du sambodrome. Après des semaines de sécheresse et une chaleur torride, la pluie s’est mise à tomber en début de soirée mais n’a découragé ni le public, ni les danseurs.
« La pluie ne nous gêne pas, au contraire, ça nous donne de l’énergie. En plus, ça nous rafraîchit, il faisait tellement chaud! », déclare à l’AFP Cleberson Santos, un percussionniste de 43 ans de Viradouro juste avant d’entrer en piste. « Je viens tous les ans. C’est le meilleur carnaval du monde! », assure dans les tribunes à ciel ouvert, Fatima Moreira, 42 ans, qui a enfilé un grand imperméable transparent.
Après avoir été reléguée en deuxième division, Viradouro revient dans le groupe des meilleures avec un défilé qui raconte l’influence de la culture noire au Brésil, des racines africaines à celles de la samba. La star du tennis espagnol, Rafael Nadal, à Rio pour un championnat, est l’une des personnalités du défilé. La deuxième à passer, la traditionnelle « Mangueira » aux couleurs vert et rose, rendra un hommage à la femme brésilienne. Puis viendra « Mocidade Independente », la plus attendue de la nuit car le ‘carnavalesco’ (metteur-en-scène) du défilé est le célèbre Paulo Barros. Grâce à lui, l’école pourrait retrouver le titre de championne dont elle est privée depuis 18 ans.
> L’amour pendant 24 heures ?
Sur le thème « Que feriez vous si le monde était sur le point de s’arrêter, qu’il ne vous reste qu’un jour à vivre?: du shopping, de la gymnastique ou l’amour effréné pendant 24h?, l’école mettra en scène sur l’un de ses chars monumentaux, une cinquantaine de personnes qui simuleront des relations sexuelles hétéro et homosexuelles, en couple ou en groupe. L’école « Vila Isabel », qui rend hommage au chef d’orchestre brésilien Isaac Karabtchevsk suivra, puis « Salgueiro » avec un défilé sur les saveurs de la cuisine de l’Etat du Minas Gerais.
La dernière en piste, quand le jour se lèvera, « Grande Rio » parlera de tarot et d’astrologie. La tension est toujours très vive car les défilés sont une compétition aux règles très strictes auxquels on assiste avec la même passion que pour un match de foot. Dix critères sont pris en compte par 36 jurés, comme le choix de la musique, l’évolution du couple porte-étendard de l’école ou encore celle de la « reine de la bateria » qui danse seule devant les centaines de percussionnistes. La plus mal notée sera reléguée au « groupe d’accès », les écoles de deuxième division.
Mais si les défilés des écoles de samba de Rio sont l’apogée de la fête et la carte postale du pays, c’est tout le Brésil qui est plongé dans le carnaval avec les « blocos » qui drainent des millions de personnes dans les rues désireux d’évacuer leur stress. Samedi matin, sous la chaleur torride de l’été austral, plus d’un million de fêtards du Bola Preta ont pris d’assaut le centre de Rio. Dimanche, d’autres blocos ont défilé dans divers quartiers de la ville : cowboys rose bonbon, nonnes en minijupes, gaillards torses nus bodybuildés en couches-culottes, ils ont chanté et dansé dans un déluge de décibels.
Prévoyant, le gouvernement a mis à la disposition des 27 Etats fédérés du pays 120 millions de préservatifs en début d’année dont une bonne partie est distribuée pendant le carnaval. A Rio, 15 000 policiers ont été mobilisés pour assurer la tranquillité des fêtards pendant le carnaval, mais à 180 km de là, dans la cité touristique et coloniale de Paraty, une personne a été tué par balles et neuf autres blessées dimanche à l’aube : un trafiquant a sorti une arme pour tirer sur un rival dans un bloco. A Salvador de Bahia (nord-est), un homme a également été blessé par balle lors d’une rixe.
AFP