Accueil | Culture | Retour sur la soirée des Magritte : beaucoup d’émotion, quelques déceptions

Retour sur la soirée des Magritte : beaucoup d’émotion, quelques déceptions


Philippe Van Leuw (2e à gauche) a fait un carton plein avec "Insyrated". (photos Thibaut Demeyer)

Avec six Magritte (dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario) sur six nominations, Phillippe Van Leuw pour « Insyriated » a fait carton plein dimanche soir lors de la huitième cérémonie des récompenses du cinéma belge.

Noces, la coproduction luxembourgeoise de Stephan Streker, a réalisé pour sa part la moins bonne opération, n’obtenant que deux récompenses, meilleur costume et meilleur second rôle féminin pour Aurora Marion, sur huit nominations alors qu’il partait favori. « C’est dommage, nous a confié à l’issue de la cérémonie Donato Rotunno (Tarantula Production), mais c’est le jeu. Il s’agit d’une Académie, il y a neuf cents votants. Mais bon, on en a quand même deux. » C’est effectivement une façon de voir les choses.

streker

Toutefois, en partant hyper favori, avec huit nominations et revenir avec deux Magritte dont un technique, on comprend la déception de Stephan Streker. « Oui c’est décevant pour Stephan, comme l’explique Donato Rotunno, mais malgré tout avec le succès critique, en salles et même sa nomination aux César, ce sera suffisant pour lui permettre de monter son prochain film. »

Il est de tradition que les cérémonies de remise de prix soient souvent ennuyeuses et pour finir n’intéressent que ceux et celles qui sont en lice. Les Magritte, c’est tout autre chose. « Vous avez une certaine liberté d’expression en Belgique que nous n’avons pas en France », selon Sandrine Bonnaire, lauréate du Magritte d’honneur. Il est vrai que Fabrizio Rongione, le maître de cérémonie, a non seulement été excellent dans ce rôle, mais n’a pas non plus hésité à égratigner la classe politique belge. Jamais blessant, jamais méchant et toujours bien placé et très pertinent a été le discours de Fabrizio Rongione.

bonnaire

Peter Van den Begin, roi de Belgique

Du côté des lauréats, tout ne s’est pas déroulé aussi bien. On regrettera que le film de Lucas Belvaux Chez nous n’ait obtenu que le Magritte de la meilleure actrice pour Émilie Dequenne qui, par là-même, obtient son troisième Magritte sur trois nominations, un record. On s’étonnera de voir que Faut pas lui dire, de Solange Cécurel, obtienne celui du meilleur premier film mais en même temps, preuve est donnée qu’en Belgique, « nous n’hésitons pas non plus à couronner des comédies alors que la comédie n’est pas souvent mise à l’honneur », a déclaré à l’issue de la cérémonie Luc Jabon, le coprésident de l’Académie André Delvaux.

L’œuvre choc de Julie Ducourneau Grave obtient à la fois le Magritte du meilleur décor mais aussi du meilleur film étranger en coproduction. Un prix qui a rempli de joie la réalisatrice, d’autant plus qu’elle était en compétition avec des œuvres de très bonnes qualités telles que Preuve d’amour, de Andreï Zviaguintsev ; Moi, Daniel Blake, de Ken Loach (Palme d’or 2016 à Cannes) et Baccalauréat, de Cristian Mungiu. « Je n’arrive pas à y croire surtout lorsque je vois les autres films qui étaient en compétition », a-t-elle glissé, non sans une grande émotion. Émotion qu’elle pourrait revivre dans quelques semaines lors de la cérémonie des César, où le film est nommé à six reprises.

Dans la catégorie meilleur acteur, c’est Peter Van den Begin pour King of Belgian qui coiffe tous ses copains au poteau. Grande star en Flandre mais peu connu en Wallonie, Peter van den Begin pourrait dès lors profiter de ce Magritte pour franchir la frontière linguistique.

De notre correspondant Thibaut Demeyer