Après une première saison saluée par la critique mais une deuxième qui manquait de souffle, la série américaine « True Detective » retrouve avec succès l’atmosphère vénéneuse de ses débuts dans sa 3e saison, qui reprend racine dans un recoin oublié de l’Amérique.
Diffusée à partir de dimanche sur HBO aux États-Unis et dès le lendemain sur OCS en France, cette nouvelle saison, conformément au principe de cette série criminelle d’anthologie, fait peau neuve : nouveaux acteurs, nouveau scénario et nouveau décor. Après la Louisiane rurale et appauvrie de la première saison, puis les entrailles nauséabondes du pouvoir en Californie, thème de la deuxième, la série retourne à l’atmosphère de ses débuts, en s’installant dans les paysages sauvages des monts Ozarks, dans l’Arkansas.
Un choix aucunement dû au hasard : c’est dans cet État que le créateur de True Detective, Nic Pizzolatto, voulait initialement filmer la première saison pour laquelle les bayous de Louisiane avaient été préférés en raison d’incitations fiscales. Exit donc les autoroutes urbaines de Los Angeles et retour dans l’Amérique profonde, et en particulier celle du Sud des États-Unis où les habitants parlent avec un accent prononcé et où le temps semble s’écouler plus lentement.
Mahershala Ali, récompensé par un Oscar du « meilleur second rôle » en 2017 pour Moonlight, puis un Golden Globe cette année dans la même catégorie pour Green Book, joue cette fois le rôle titre du détective de police Wayne Hays qu’il interprète avec sobriété. Il fait équipe avec Stephen Dorff (qui a joué dans le premier Blade et Somewhere de Sofia Coppola). Le scénario comme le mode narratif de ces huit épisodes inédits d’une heure se rapprochent de ceux de la première saison : des policiers doivent reprendre des enquêtes sur des meurtres d’enfants, à grands coups de flash-back jusque dans les années 1980. Un univers loin de l’intrigue plus tortueuse et des décors moins inspirés de la saison 2.
Génériques hypnotiques
Et dès le premier épisode, les similitudes avec la première saison se confirment, notamment lorsque Hays tombe sur des sortes de poupées vaudou dans la forêt, rappelant les sculptures en bois qui hantaient les débuts de la série et contribuaient à lui donner une atmosphère presque surnaturelle. La religion fait également son retour, notamment à travers des allusions au diable. Au-delà des changements de cap d’une saison à l’autre, la série garde toutefois sa cohérence.
Avec notamment des génériques léchés et hypnotiques, et une part écrasante donnée aux personnages masculins qui ont fait dire à plusieurs critiques que la série était une réflexion sur la masculinité et ses failles. Un sujet d’ailleurs abordé de front dans cette saison 3, par le biais d’une scène d’explication entre Hays et sa femme.
True Detective avait fait des débuts remarqués il y a cinq ans, grâce notamment à un duo de flics incarné avec énormément de conviction par Matthew McConaughey, dont la transformation physique était spectaculaire, et Woody Harrelson. La première saison, centrée sur des meurtres en série dans une Louisiane rurale en déclin, explorait des sujets comme la prostitution et la religion, fond captivant sur lequel se déroulait une enquête policière offrant des rebondissements savamment dosés.
Mais le soufflé était en grande partie retombé avec la deuxième saison, diffusée en 2015, dont l’histoire n’était pas à la hauteur des attentes créées par le succès de la première, même si elle avait été un succès d’audience pour HBO. Malgré un casting « bankable », avec Colin Farrell et Rachel McAdams en tête d’affiche, elle s’enlisait dans les détours d’une intrigue dominée par les arcanes de la politique, de la police et du monde des affaires au cœur d’une Californie rongée par la corruption.
LQ/AFP