Le Siren’s Call, fin juin, reviendra investir le Grund avec un mix pluriculturel. Foals, tête d’affiche remuante, cachera difficilement un programme musical bien léger.
«Foals, c’est toujours bien, non ?» Croisé mardi au bout d’un couloir dans la foulée d’une conférence de presse menée tambour battant, Michel Welter, programmateur attitré du festival, persiste et signe. C’est vrai, on peut lui concéder que le groupe anglais, guitare en main, sait y faire, et que l’énergie déployée sur scène lui assure des fans réguliers, heureux de porter régulièrement en triomphe le chanteur Yannis Philippakis, amateur de bains de foule et de mains qui s’égarent. Mais tout de même : le 27 juin prochain, célébrant la quatrième édition du Siren’s Call, les Britanniques fouleront le sol luxembourgeois… pour la cinquième fois – ils se sont déjà produits à Neimënster, au Rock-A-Field et à l’Atelier. Disons que quand on aime, on ne compte pas : «Dès le lancement du festival, on savait que l’on voulait les faire revenir», lâche-t-il encore. C’est donc chose faite.
Viagra Boys, élevés à la bière
Mais, avouons-le, au vu des précédents rendez-vous, dont le dernier en date réunissant sur la même affiche Metronomy, Cat Power, Band of Horses, Idles et Flavien Berger, la nouvelle proposition, bien que sans faute de goût, sonne un peu creux. Car derrière les garçons d’Oxford, on annonce d’autres retrouvailles : Nothing But Thieves, eux aussi anglais (et déjà passés par l’Atelier en 2017), qui aiment le grandiose et le mélodique à la Muse (dont ils ont assuré les premières parties), mais sans la même carrure, tout comme Hania Rani, talentueuse pianiste polonaise, porteuse d’une musique subtile, sensible, atmosphérique que les réguliers des Rotondes ont entendue l’année dernière.
La vraie surprise devrait donc venir de Viagra Boys, une bande de sept débraillés-brailleurs – à condition que l’on aime le punk, la bière, le bazar et le tennis (voir le clip Sports) – à moins que les organisateurs ne sortent prochainement un ou deux lapins de leur chapeau. «D’autres groupes devraient encore être annoncés», confirment-ils, en dehors de ceux figurant en queue de peloton (la productrice électronique allemande Josin, The Howl & the Hum, Joanna, Charlotte Bridge, Chaild).
Mais en choisissant de disséminer ses propositions musicales dans cinq endroits différents, le Siren’s Call laisse suffisamment de place à d’autres réjouissances, un peu comme le faisait le feu Food for Your Senses aux arts multiples. Ainsi, le rendez-vous estival est surtout à voir comme une invitation à la déambulation, jeune, urbaine, branchée, familiale (il est gratuit pour les moins de 10 ans) et pluridisciplinaire, sachant user de ses charmes pour attirer dans ses filets les âmes errantes, surtout face à d’autres propositions plus «vieillottes» (Meyouzik, Blues’n Jazz Rallye, Rock um Knuedler…).
Une première théâtrale
Au cœur du quartier historique du Grund, avec Neimënster comme phare (et partenaire), l’évènement fait alors dans le généreux, avec des ateliers de danse et de yoga, des performances, un marché des créateurs, du design, le tout dans une ambiance faite main, grâce à de nombreuses installations.
En outre, si la soirée d’ouverture, lancée en 2019, est reconduite, la nouvelle édition ose même la veine théâtrale, avec la pièce Le Dernier Ogre, qui a connu un beau succès à Avignon. Entre slam, concert et live painting, le spectacle est une sorte de mise en abîme de la figure de l’ogre traversée par le récit d’une famille d’aujourd’hui, qui devrait ravir les petits comme les plus grands. La signature d’un festival qui compte rassembler large, quitte à décevoir les plus exigeants.
Grégory Cimatti