Le Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles, une des salles d’opéra les plus réputées d’Europe, rouvre ses portes la semaine prochaine dans son enceinte classée du XIXe siècle, avec une scène entièrement rénovée et adaptée au jeu contemporain.
Les travaux de rénovation de cet édifice, dont les colonnes blanches sont un des emblèmes du centre-ville de la capitale belge, avaient été entamés en 2015 et devaient initialement durer quelques mois. Ce n’est finalement que deux ans plus tard que le théâtre rouvre, après deux saisons extra-muros et « beaucoup d’imprévus », selon son directeur général Peter de Caluwe.
Le public pourra découvrir le bâtiment rénové à partir du 5 septembre, date de la première de Pinocchio du Belge Philippe Boesmans, une création contemporaine coproduite avec le Festival d’Aix-en-Provence.
Nouveaux fauteuils, nouvelle climatisation, éclairage aux ampoules basse consommation, fosse d’orchestre et scène « complètement retravaillée » : l’organisme public fédéral qui a piloté la rénovation, la Régie des bâtiments, a débloqué d’importants moyens pour rafraîchir l’institution bruxelloise. De source proche du dossier, on explique que les travaux ont coûté environ 40 millions d’euros, en intégrant la remise à neuf du bâtiment administratif hébergeant les ateliers, séparé du théâtre par une étroite rue piétonne. Il reste désormais à creuser un tunnel sous la rue, entre les deux bâtiments, offrant « un passage direct, très facile, entre la production de décors et le plateau de scène », a raconté Dominique Mertens, responsable des projets de construction à La Monnaie. Il devrait être opérationnel au printemps 2018.
Une histoire mouvementée
Dans le théâtre lui-même, a souligné ce responsable, le gros du chantier a été l’installation de quatre nouveaux ascenseurs sous la scène, permettant des changements de décor et des apparitions en silence pendant le spectacle. « On avait des ascenseurs très bruyants (…) un théâtre qui fonctionnait encore avec des techniques datant du XIXe siècle. Ce n’est pas ce qu’on attend du jeu scénique contemporain, donc nous avons décidé de repartir à zéro », a ajouté Dominique Mertens. Les contraintes techniques liées à l’aménagement de cette nouvelle scène expliquent en partie le retard pris par le chantier. « Nous sommes sur un terrain très marécageux, il a fallu aller très profondément, jusqu’à 40 mètres, pour la stabilité, pour tenir la cage de scène », a expliqué Peter de Caluwe.
Construite en 1700 sur les ruines d’un bâtiment où se frappait la monnaie, cette salle d’opéra, la première à Bruxelles, a connu une histoire mouvementée. Au début du XIXe siècle, Napoléon Ier, dont les troupes occupaient alors la Belgique, a ordonné la construction d’une plus grande salle à quelques dizaines de mètres de là. Ce théâtre a été entièrement détruit par un incendie en 1855 et reconstruit l’année suivante par l’architecte Joseph Poelaert dans un style néo-classique.
Le Quotidien/AFP