L’ancienne équipe dirigeante d’Act-Up Paris a quitté ses fonctions samedi, déplorant la « transition brutale » liée au succès du film « 120 battements par minute », qui a amené vers l’association de lutte contre le sida une nouvelle génération de « militants politisés ».
Depuis le succès du film couronné aux Césars, l’association, en perte de vitesse et même un temps placée en redressement judiciaire en 2014, a vu « une vague de nouvelles arrivées » avec notamment « de jeunes militants déjà politisés et expérimentés dans d’autres luttes, notamment antiracistes », écrit l’équipe démissionnaire dans un communiqué.
Ceux-ci « détournent et exploitent l’outil d’Act-Up, en se servant de son historique, pour mettre en avant d’autres luttes », affirment les deux anciens coprésidents, Rémy Hamai et Mikaël Zenouda, et l’ancien vice-président Xavier Coeur-Jolly, en déplorant que le travail d’expertise soit « relégué au dernier plan » au profit « du commentaire permanent de la critique spectacle ».
« Ecoeurés au point de démissionner » par les « insultes » et les « dépréciations gratuites », les anciens responsables ont été remplacés lors d’une assemblée générale extraordinaire samedi par une nouvelle équipe élue, « dont deux personnes arrivées depuis trois semaines », ajoute leur communiqué, qui dénonce « toute forme d’entrisme politique » et de « violence revendiquée ». Les deux nouveaux vice-présidents sont Fabrice Clouzeau et Marc-Antoine Bartoli.
La décision provoquait des réactions contrastées sur les réseaux sociaux, où certains rappelaient le mode d’action spectaculaire qui était la signature d’Act-up dans les années 1990 (préservatif géant sur l’obélisque de la Concorde à Paris, jets de faux sang ou de vraies cendres de militants…)
« La lutte contre le sida a toujours été profondément politique. C’est aberrant, surtout venant d’Act up », estimait un internaute sur Twitter, tandis qu’un autre affirmait : « Act-Up Paris est une association de gauche », ce que le conseil d’administration sortant, « dépolitisé », ne « comprend pas ».
Le Quotidien/AFP