La Philharmonie organise, à partir du vendredi 22 novembre, la 19e édition de Rainy Days, son festival dédié aux musiques contemporaines. Un millésime qui s’intéresse tout particulièrement à la réduction, au minimalisme, d’où son thème : «Less is more».
Après «How does it feel ?» (Ça fait quoi ? en français) en 2017 et «Get real» (Devenir réel) l’an dernier, le festival Rainy Days 2019 portera le slogan «Less is more» (Moins, c’est plus). «Cette phrase nous permet de mettre ensemble, dans une phrase extrêmement courte, l’idée que si on se concentre et on se limite volontairement à un matériel très réduit, on peut finalement obtenir bien plus, bien mieux», précise la cheffe dramaturge de la Philharmonie et directrice artistique de Rainy Days depuis trois ans, Lydia Rilling. Elle précise : «Ça ne veut pas du tout dire qu’on fera moins de concerts ou qu’on convie moins d’artistes au festival. C’est vraiment un principe esthétique.»
Du coup, cette année, la manifestation s’est donné pour but d’«explorer le réductionnisme dans la musique contemporaine, mais aussi au-delà de celle-ci», reprend la responsable avant d’expliquer : «Le réductionnisme est un principe dans la musique très important ces dernières décennies, mais qui n’est pas nouveau. Il décrit la concentration d’une composition sur un matériau très réduit, un seul principe, par exemple, un seul instrument, une seule idée, une seule technique de jeu, un même rythme…
L’exemple le plus parlant pour le public est probablement le Bolero de Ravel.» Cette musique de ballet composée en 1928 propose sur 16 minutes une mélodie uniforme sur un rythme invariable avec uniquement des effets d’orchestration et un crescendo sonore. Une œuvre que les spectateurs de la Philharmonie pourront redécouvrir le 28 novembre, interprétée par l’Orchestre national de Metz.
Si la restriction et l’économie de moyens artistiques seront les mots d’ordre de la manifestation, le public aura tout de même le choix entre un éventail de formats, de styles et d’esthétiques. D’Abstract Pieces de Manos Tsangaris, qui ouvrira ce Rainy Days 2019, vendredi au Grand Théâtre, où le compositeur revisite le mythe grec d’Orphée et Eurydice, avec une mezzo-soprano et un baryton, au «Bal contemporain» proposé cette année par Günther Bernhart, Matthias Meinharter et Alex Steininger, en clôture, le 1er décembre à la Philharmonie, le programme comprend des œuvres variées avec des ensembles internationaux de qualité, mais aussi des artistes majeurs de la scène contemporaine luxembourgeoise.
Il y aura de nombreuses créations mondiales d’œuvres, un concert vocal, un concert visuel qui rapproche musique et peinture, une pièce conceptuelle, un duo surprenant de piano et accordéon, un solo pour violoncelle, un concert de musique drone, des ciné-concerts – dont celui des Percussions de Strasbourg et Dimitri Vassilakis sur L’Âge d’or, film de 1930 signé Luis Buñuel et Salvador Dalí – sans oublier, bien sûr, la troisième édition de Wunderkammer, vaste programme de concerts et performances de maximum 20 minutes qui occuperont l’ensemble de la Philharmonie le dernier jour de la manifestation, sans interruption, de 11h à 16h.
Un programme qui devrait une nouvelle fois attirer un public nombreux et varié. «Je n’ai pas les chiffres exacts, répond Lydia Rilling quand on parle du nombre de spectateurs, mais en général, on est très très très contents de la fréquentation du festival. L’an dernier, par exemple, nous avons eu beaucoup de concerts qui ont affiché complet», assure-t-elle. Et elle conclut ainsi : «C’est la preuve que l’intérêt pour la musique contemporaine grandit.»
Pablo Chimienti
Festival Rainy Days, du 22 novembre au 1er décembre à la Philharmonie Luxembourg.